Nouvelle douche froide pour l’économie européenne : mais qu’attend la BCE ?

Christine Lagarde - Getty Images © Boris Roessler/picture alliance via Getty Images
Baptiste Lambert

Les indices PMI publiés ce lundi indiquent une contraction globale de la zone euro, plombée par les économies allemande et française. Le secteur manufacturier s’écroule dans la première et le secteur des services se replie dans la seconde. Et alors que l’inflation est en net recul, voire en déflation dans certains segments, la BCE y va à tâtons, comme toujours. En octobre, la pression sera immense pour qu’elle baisse à nouveau ses taux.

Trop tard et trop fort, puis trop tard et pas assez fort. Un nombre grandissant d’entrepreneurs, d’économistes et de commentateurs avisés jugent incompréhensible la politique monétaire de la BCE, au moins coupable de 4 erreurs, selon eux : la BCE n’a pas vu arriver l’inflation, lors de la reprise post-covid, puis elle a jugé que cette inflation serait temporaire.

Ensuite, elle a pilé sur la pédale de frein pour faire passer les taux de -0,5 à 4% en quelques mois. L’inflation a par après reflué pour atteindre au mois d’août 2,2% en moyenne dans la zone euro, soit très proche de l’objectif de 2%. La BCE s’en est attribuée les mérites. D’autres estiment que cette baisse de l’inflation est surtout due à la baisse des prix de l’énergie.

Désormais, la BCE prend tout son temps. Après une première baisse des taux au mois de juin, l’institution financière a diminué timidement ses taux de 25 points lors de sa réunion du mois de septembre. Cela tranchait avec la baisse de taux de 50 points de la Fed, alors que l’économie américaine se porte beaucoup mieux et que l’inflation y est plus résistante.

Du grain à moudre

Les derniers chiffres des indices PMI de la zone euro viennent alimenter les critiques à l’égard de l’institution dirigée par Christine Lagarde. Ces indicateurs qui se basent sur un sondage réalisé auprès des chefs d’entreprises sur les perspectives d’achat annoncent un repli global de l’économie européenne, une première depuis le mois de février. L’indice PMI des services a subi une lourde chute, de 52,9 à 50,5, se maintenant de justesse en expansion. Pas de quoi faire oublier les tourments de l’activité manufacturière, dont l’indice a subi un nouveau revers, de 45,8 à 44,8, en repli.

Au global, l’indice PMI composite passe sous la barre des 50, ce qui indique une contraction : 48,9, au lieu des 50,5 attendus. “Conséquence, l’activité commerciale dans la zone euro s’est contractée de manière brutale et inattendue ce mois-ci. Ce qui signifie que la zone euro devrait connaitre une stagnation jusqu’à la fin de l’année”, commente Bernard Keppenne, économiste en chef de CBC.

Dans le détail, l’activité commerciale européenne est tirée vers le bas par le nouveau repli de l’activité manufacturière en Allemagne, qui plonge à 40,3. Mais la surprise est venue de la France, dont l’indice des services a chuté de 55 à 48,3. L’indice composite des deux plus grandes économies de la zone euro passe en dessous de 50.

La situation des exportations allemandes est toujours aussi préoccupante, comme en atteste cette comparaison avec les exportations italiennes. “Quand on observe l’évolution des exportations allemandes et italiennes, on constate que ces dernières ont augmenté nettement plus vite que les exportations allemandes ces dernières années. Et que la césure est intervenue à la sortie de la période de confinement en Europe, à savoir au moment où la Chine est restée engoncée dans sa politique zéro-Covid, ce qui a plombé les exportations allemandes vers ce pays”, écrit l’économiste ce matin.

La BCE va-t-elle finir par se réveiller ?

La pression sur la BCE devient immense. Va-t-elle à nouveau baisser ses taux au mois d’octobre lors de sa prochaine réunion ? Pour l’heure, les marchés ne l’anticipent pas. Mais la mauvaise tenue de l’économie européenne pourrait (devrait ?) la pousser à agir.

L’institution financière semble encore bloquée par l’inflation liée aux services, c’est-à-dire essentiellement due à la hausse des salaires, qui atteignait en juin encore 4,1%, en légère augmentation par rapport à juillet (+0,2%). Mais alors que la baisse de l’activité commence à peser sur l’emploi européen, c’est sans doute une question de temps avant que l’inflation sous-jacente – hors prix de l’énergie et de l’alimentation – rentre dans le rang. Le mois dernier, elle était de 2,9% dans le bloc économique européen.

La BCE serait bien inspirée de suivre sa grande sœur américaine, la Fed, dont le patron, Jerome Powell, a déjà laissé entendre qu’une autre baisse de 50 points interviendrait cette année. Même en Chine, la Banque centrale a fini par agir, ce mardi, en tentant de donner enfin un coup de fouet à son économie. Qu’attend la BCE ?

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