Milquet, Geerts…: quand le nouveau conseil d’administration de la RTBF suscite déjà la polémique

Joëlle Milquet revient à la tête du conseil d'administration de la RTBF BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la désignation par les partis politiques illustrent les tensions qui entourent la chaîne de service public. Au sujet de la présidente de retour et d’une vice-présidente anti-wokisme, le débat est déjà vif.

La RTBF est souvent écartelée, dans sa mission de service public, entre des opinions politiques de plus en plus polarisées. Le conseil d’administration en est souvent le réceptacle ou la métaphore. Et cette fois encore, sa désignation suscite déjà des grincements de dents.

Deux personnalités se trouvent déjà au centre des débats: la présidente Joëlle Milquet, désignée par les Engagés, et la vice-présidente Nadia Geerts, portant la casquette du MR. Les réactions sont révélatrices.

Joëlle Milquet, l’humaniste

Joëlle a l’étoffe et la carrure pour pouvoir présider aux destinées d’un tel outil public à l’heure où il devra opérer des recentrages stratégiques de son déploiement”, se félicite Maxime Prévot, président des Engagés. Pour l’ancienne présidente du CDH, vice-Première fédérale ou ministre francophone de l’Education, voilà un retour à l’avant-plan qui ne passe pas inaperçu.

Le moment n’est pas anecdotique. A l’initiative du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de sa ministre de tutelle, Jacqueline Galant (MR), la RTBF devra subir une nouvelle cure d’austérité. Joëlle Milquet, très “PS compatible”, pourra veiller au mieux aux équilibres et sensibilités pour faire face à ce “redéploiement” délicat.

Mais les premières réactions font également état de son parcours controversé à la tête du parti humaniste, qui a ouvert la voie à une forme de communautarisme, désormais décomplexé dans plusieurs formations politiques. Certains rappellent que la première députée bruxelloise voilée émanait du CDH: Mahinur Özdemir est, depuis, devenue… ministre turque de la Famille dans le gouvernement Erdogan. Bref, elle ne serait pas “objective”.

Joëlle Milquet a fait, en outre, l’objet d’une procédure en justice pour des emplois fictifs quand elle était ministre, qui avait mené à sa démission. Elle clamait son innocence et s’est plaint légitimement de la longueur de l’instruction: dix ans, pour ne rien donner.

Le MR était réservé au sujet de sa candidature pour la présidence du CA de la RTBF, mais a fini par céder.

Nadia Geerts, la laïque

Parmi les candidats proposés par la RTBF, Nadia Geerts ne laisse pas non plus indifférent. Philosophe, militante laïque, elle est devenue chercheuse au Centre Jean Gol, service d’études du MR, après avoir craint pour sa vie et perdu sa charge d’enseignant.

Très engagée dans la lutte contre l’islamisme radical, Nadia Geerts avait pris des positions fortes après l’assassinat de Samuel Paty, en France, et avait été menacée en retour. Chroniqueuse dans plusieurs médias, auteur de plusieurs livres, elle n’a jamais caché son engagement… et ses critiques contre les “idiots utiles” de l’islamisme.

Un candidat Ecolo s’est déjà emporté sur X, la présentant comme une “militante d’extrême droite” et affirmant: “La neutralité journalistique est menacée, la droite veut en faire une chaîne d’Etat”. Réplique de l’administratrice libérale? “Deux conclusions s’imposent: Ecolo devrait recadrer ces militants les plus agressifs, et l’un d’entre eux au moins ignore tout de ce qu’est une chaîne d’Etat…”

Ambiance, déjà. Et c’est peu dire que les profils des deux femmes sont antagonistes.

Notons aussi que le MR a renoncé à désigner Etienne Dujardin, conseiller communal à Woluwe-Saint-Pierre et chroniqueur dans plusieurs médias, car il vient de lancer 21News, un nouveau média en ligne visant à “promouvoir la liberté des opinions”, dans les faits ancré à droite.

“Discussions très animées”

Baptiste Erkes (Ecolo), président du CA sortant, soulignait dans une carte blanche, corédigée avec son prédécesseur Jean-François Raskin, l’importance de l’organe. L’administrateur général, écrivaient-il, “agit sous le contrôle du Conseil d’administration qui n’a pas vocation à se substituer. Ce contrôle n’est pas une vue de l’esprit. Il se concrétise au travers des discussions parfois très animées au sein du Conseil d’administration, préalables à la définition des plans stratégiques, à la validation des budgets, des grilles, dans les comités restreints pour entrer au cœur des dossiers”

Cela promet.

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