L’UCM appelle à la “mobilisation collective” pour l’emploi et la création d’activités
Dans son Mémorandum, l’Union des classes moyennes propose un plan global contre les pénuries d’emplois et une vision “audacieuse” en matière de fiscalité. Sans oublier la transition environnementale et l’importance de défendre encore et toujours l’entrepreneuriat.
C’est bientôt la période des voeux et, à la veille d’une année cruciale pour la Belgique avec les élections du 9 juin 2024, c’est aussi la période des Mémorandum. Ce lundi, c’était au tour de l’Union des classes moyennes (UCM) d’exprimer ses souhaits pour la période 2024-2029 en espérant que “ensemble, nous réussirons un projet de société(s) pour demain”.
L’UCM, au nom des indépendants, espère obtenir à nouveau des victoires comme ce fut le cas lors de la législature précédente: plan bien-être au travail, droit-passerelle lors de la crise du Covid, mesure zéro cotisation pour la première embauche… “Cette zéro coti est vraiment la victoire que nous mettons en avant”, insistent Isabelle Morgante et Andy Prevoo, responsables de la communication politique de l’organisation.
“Un plan global contre les pénuries”
Pierre-Frédéric Nyst, président de l’UCM, évoque cinq grandes thématiques au coeur de Mémorandum: emploi et formation, fiscalité et simplification administrative, transition environnementale, PME au quotidien et statut social des indépendants. “Chez UCM, nous avons souhaité faire des propositions à mettre en oeuvre de façon collective”, insiste-t-il. “Avec des retours aux fondamentaux et à la volonté des parties”, travailleurs et patrons ensemble.
“Nous voulons être modernes et innovants en ce qui concerne le marché du travail”, souligne Pierre-Frédéric Nyst. “Les métiers en pénurie, c’est hélas un marronnier”, regrette-t-il. En mettant en avant un plan global de dix mesures, car cela reste le souci numéro un.
Pour lutter contre ces pénuries de main d’oeuvre, l’UCM propose de “réduire d’un quart la taxation sur les revenus du travail”, de mettre en place des mesures pour encourager les pensionnés à rester au travail ou de développer les flexy-jobs. “Oui, on aime bien les flexy-jobs, c’est une solution pragmatique, même si ce n’est pas la panacée”, souligne le président. “Nous voulons une extension des secteurs, même si ce ne doit pas être la norme, il faut garder des CDI.”
Une assurance-chômage duale est sur la table. “Nous proposons une allocation qui accompagne et récompense celui qui fait des efforts”, suggère Pierre-Frédéric Nyst. “Il faudra peut-être des sanctions”. Mais ce n’est pas l’objectif premier. D’autres mesures de soutien sont au menu des revendications. Il s’agit, par exemple, de développer des politiques ‘family friendly’, en favorisant la création de crèches d’entreprises. La mobilité est également au rendez-vous.
L’UCM insiste encore sur un enseignement “tourné vers les besoins des PME” et la formation en alternance. Structurellement, il convient de diminuer les coûts sur le travail, “même si c’est difficile politiquement, mais la mesure zéro coti montre que c’est possible”. Pour lutter contre l’absentéisme, un vrai problème pour les PME, l’organisation demande que l’on réforme les règles du salaire garanti. “Celui qui ne vient jamais les lundis sur toute l’année, cela signifie un jour de maladie et un certificat, dit Nyst”, qui souligne aussi la volonté d’un travail pédagogique auprès des médecins pour les responsabiliser.
“C’est une approche collective et la volonté des parties qui compte”, insiste le président de l’UCM, en suggérant, par ailleurs, le déplafonnement des heures supplémentaires ou le travail étudiant.
Moins de fiscalité et des fonctionnaires bienveillants
“Nous somes passés à côté de la réforme fiscale, mais nous avons des demandes très précises”, dit Nyst. Pêle-mêle: une déduction majorée des investissements souhaitables, le maintien du taux réduit des sociétés, la suppression de la cotisation spéciale de la sécurité sociale.
“Un dividende ou une plus-value, ce ne sont pas des gros mots chez nous, insiste Pierre-Frédéric Nyst. Il y a des plus-values valeureuses, sans spéculation.” L’UCM se dit favorable, aussi, à un cadre européen et une taxation des Gafam.
Dans le baromètre de l’UCM, 58% des entrepreneurs estiment que la pression fiscale est un frein pour leur activité. “Nous voulons une administration fiscale partenaire de nos créations d’activités”, dit Nyst. “C’est moi qui le dis: 98% des fonctionnaires ne sont pas bienveillants.” Réduire les charges administratives, cela fait partie aussi de ce chemin d’un partenariat amélioré.
Transition environnementale: “c’est important”
Pour la transition environnementale, “on doit pouvoir inciter, accompagner, encourager, sensibiliser et donner des perspectives”, dit le président de l’UCM. “La fiscalité doit encore jouer un rôle, parce que les investissements sont nombreux”. Lors de contacts avec les entreprises, avec des consultants, des entreprises ont adapté leur activité en vue d’une sobriété accrue, ajoute-t-il.
“Nous avons besoins d’être rassurés sur l’approvisionnement et un cadre de prix”, prolonge Pierre-Frédéric Nyst. Et s’il reconnaît que des mesures doivent être prises en matière de mobilité, il regrette que les plans bruxellois “oublient les PME”. “Parfois, on a le sentiment que l’on est en infraction, simplement en montant dans sa voiture”.
Le cap reste mis sur le soutien à la volonté de créer sa PME ou son activité indépendante. L’UCM plaide encore pour un “soutien de l’entrepreneuriat” dès le plus jeune âge et de “développer une culture de la seconde chance”. Il s’agit encore de soutenir le “made in Belgium” ou de laisser les entrepreneurs d’utiliser le cas. “Il faut arrêter d’interdire, revenons au slogan de 1968, il est interdit d’interdire”.
Un droit-passerelle individualisé
Last but not least, l’UCM poursuit sa croisade pour améliorer le statut social des indépendants. “C’est dans notre ADN, bien entendu. Durant la crise Covid, la droit-passerelle a permis de mettre des tartines sur la table et de garantir un revenu. Nous sommes demandeurs d’un droit-passerelle en cas de coup dur. Nous souhaitons désormais un droit-passerelle individualisé en fonction des cotisations qui ont été payées”.
Cap sur les élections. Avec une volonté d’oeuvrer collectivement à la prospérité. Chiche? “Nous sommes tous convaincus chez UCM que les indépendants, ce sont la richesses du XXIe siècle, “insiste Caroline Cleppert, secrétaire générale de l’UCM. Qui ne se voile pas la face: “Il faudra des réformes. Qui dit réformes, dit dialogue social.”
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