Un rapport confirme que tous les secteurs sont potentiellement touchés. Airbus et l’ESA sont les seuls à gagner le match face à la Chine et les Etats-Unis et démontrent la nécessité d’une action à l’échelle continentale. L’Assemblée nationale française nationalise ArcelorMittal, un symbole à contre-courant…
Le cri d’alarme de Sébastien Dossogne, CEO de Carmeuse, résonne encore: “L’Europe doit se ressaisir, d’urgence. Si on ne réagit pas rapidement, nous n’aurons bientôt plus de clients sur notre continent”, disait-il à Trends Tendances, début novembre.
C’était là le énième cri d’alarme d’une industrie européenne inquiète pour son avenir, alors que les restructurations et pertes d’emploi se multiplient, de BASF Anvers à Exxon Mobile.
Une étude dévoilée par IndustriAll, fédération syndicale européenne de l’industrie, vient encore sonner l’alerte générale.
Dix-sept secteurs concernés
Le tableau dressé par IndustriAll s’avère extrêmement sombre: dix-sept secteurs passés sont sous pression, voire en difficulté, face à la “concurrence des États-Unis et de la Chine“, considérés comme en avance sur nous dans leur “renaissance industrielle”.
Le secteur automobile est particulièrement fragilisé, mais aussi celui des télécommunications, le ciment, le papier, l’acier…
Rien de bien nouveau, à vrai dire. Le 20 février 202 à Anvers, 73 CEO de ces dix-sept secteurs avaient adopté une déclaration mettant en garde contre les menances sur leur compétitivité et appeler à un soutien dans leur stratégie de décarbonation.
Un an plus tard, un “Clean industrial deal” a été lancé par la Commission européenne, mais ses effets sont trop lents et, surtout, bousculés par les difficultés budgétaires inhérentes à chaque pays européen.
Le contre-exemple de l’aérospatial
Le rapport d’IndustriAll épingle tout de même un secteur qui s’en sort relativement bien au niveau européen: l’aérospatial. “Le seul secteur où l’Europe se porte bien, mieux même que son rival américain et bien mieux que ses concurrents chinois”, précise le rapport.
Voilà bien la preuve que l’union européenen fait la force. Si ce secteur performe, c’est grâce aux exemples positifs d’Airbus et de l’ESA, prouvant la nécessité de créer des champions européens et de générer un écosystème autour d’eux.
La Belgique et la Wallonie se taillent d’ailleurs la part du lion et le récent budget fédéral du gouvernement De Wever l’a préservé en investissant un milliard, après que des cris d’inquiétude aient été lancés durant la négociation.
Le symbole ArcelorMittal
Dans ce contexte, l’Assemblée national française vient de donner un signal en nationalisant le sidérurgiste ArcelorMittal, en grande difficulté, sous la pression de LFI.
La décision risque d’être retournée par le Sénat, où le droite domine. En l’absence de majorité gouvernementale, la lutte des symboles est fortes, comme vient d’en témoigner aussi la saga sur la suspension de la réforme des retraites.
La France insoumise y voit “l’unique solution” pour sauver la filière et ses 15 000 emplois directs, confirmant l’inquiétude exprimée par les syndicats européens. Mais en oubliant que c’est à l’échelle continentale que se trouve la solution.