L’indépendance de la Flandre, “idée dépassée” si on responsabilise les Régions

Bart De Wever © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Bart De Wever, président de la N-VA, lâche l’idée romantique du nationalisme flamand. Les libéraux francophones ouvrent la porte des réformes. Les lignes bougent, mais cela restera compliqué après le scrutin. 

Voilà qui va donner du grain à moudre aux accusations socialistes selon lesquelles MR et N-VA se préparent à gouverner ensemble. Tour à tour, Bart De Wever et Georges-Louis Bouchez ont ouvert des portes, ces derniers jours. Lors du débat sur RTL, jeudi soir, le libéral francophone a souligné qu’il serait “déraisonnable” d’exclure une coalition avec la N-VA. Pour être de bon compte, Paul Magnette (PS) a affirmé qu’il ferait tout pour l’éviter, mais sans l’exclure explicitement. 

L’arithmétique électorale en Flandre et la montée du Vlaams Belang, bloqué du pouvoir par le cordon sanitaire, devraient imposer une telle alliance. L’élément important mis en avant par les libéraux francophones, susceptible de convaincre les nationalistes, c’est la responsabilité financière des Régions. Une telle évolution ne nécessite pas de révision de la Constitution et contraindrait la Wallonie et Bruxelles à faire des réformes, précisent les libéraux. 

“La responsabilisation financière est la clé” 

Dans un entretien accordé à 7 sur 7, vendredi matin, à quelques encablures de la “finale ce Champions League” face à Paul Magnette, ce vendredi soir sur la RTBF, Georges-Louis Bouchez réitère son ouverture à la N-VA: “Sur l’aspect socio-économique, nos programmes sont assez proches. Par contre, il a toujours été clair que nous étions les plus grands défenseurs de la Belgique et qu’on ne pouvait pas entrer dans une logique de morcellement des compétences. Du côté de la N-VA, il y a de plus en plus une prise de conscience aussi.” 

Il appuie, en parallèle, l’idée de responsabilité financière des Régions. “De notre côté, j’ai simplement répété ce qu’on dit depuis toujours: la responsabilisation financière, souligne Bouchez. Ce n’est pas nouveau dans mon chef, cela fait plusieurs mois que je tiens ce discours. C’est un enjeu majeur. Pour avoir un État plus efficace, il faut faire des réformes. Et donc, je crois qu’un pôle de centre droit peut intervenir. Je ne suis pas en train de constituer des majorités. Je préfère gouverner avec des partis où je peux davantage mettre en œuvre mon programme que de me retrouver encore bloqué avec Écolo et le PS. Après, je ne fais pas d’exclusives parce que le schéma est tellement compliqué aujourd’hui que ce n’est pas le moment de compliquer encore plus le jeu.” 

Le PS avait accusé le président du MR de “négocier un accord de gouvernement” sur un plateau de télévision face à Jan Jambon (N-VA), ministre-président flamand. 

“L’indépendance, une idée dépassée” 

Visiblement, Bart De Wever se réjouit de cette évolution dans le discours francophone, libéral du moins. « Si le confédéralisme permet d’avoir sa propre responsabilité financière et de renforcer et de protéger la prospérité de la Flandre, cela me suffit, disait-il ce matin à la radio flamande. L’indépendance de la Flandre a toujours été le rêve du Mouvement flamand, mais qu’est-ce que cela signifie au 21e siècle ? L’idée de fonder un pays du 19ème siècle compétent pour tout : c’est une idée dépassée dans un contexte géopolitique qui n’est pas tendre et qui oblige à regarder à plus grande échelle. »  

Les lignes bougent-elles à deux jours du scrutin? Oui. Mais en tout état de cause, la composition d’un prochain gouvernement risque d’être compliquée en raison de la situation en Flandre, parce que certains partis seront fragilisés et parce que le PS sera en position délicate si le glissement francophone au centre-droit se confirme. 

Quant au Vlaams Belang, inutile de dire qu’il s’est empressé de dénoncer ce renoncement de la N-VA.

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