Les taux d’intérêt plus élevés de la BCE ne doit pas servir d’excuse pour retarder la transition verte
La hausse du coût du crédit, utilisée par les banques centrales pour combattre l’inflation, ne doit pas servir d’excuse pour retarder les investissements dans la transition verte, a averti mardi une haute responsable de la Banque centrale européenne (BCE).
“Il serait trompeur d’utiliser des taux d’intérêt plus élevés comme bouc émissaire pour retarder davantage la transition verte“, a déclaré Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, lors d’un discours à Stockholm.
Face à une inflation record, qui a dépassé les 10% en octobre en zone euro tirée par les prix de l’énergie, la BCE a lancé un cycle de hausse de taux d’une rapidité inédite. À mesure que les taux d’intérêt augmentent, “le financement des investissements dans les technologies vertes deviendra plus coûteux”, risquant de “ralentir le rythme de la décarbonation” des économies, a reconnu Mme Schnabel. Mais c’est un mal transitoire pour un bien, assure la responsable, car “la transition verte ne pourrait pas prospérer pas dans un environnement de forte inflation”, qui offre de mauvais signaux sur les prix et donc sur les investissements, a-t-elle argué.
Les taux doivent d’ailleurs encore augmenter, a-t-elle plaidé, car, frappant désormais tout un panier de biens, “l’inflation ne s’atténuera pas d’elle-même”. Il n’y a donc pas de contradiction entre honorer le mandat de stabilité des prix et aider la transition écologique, estime Mme Schnabel: “en réduisant l’inflation, la politique monétaire va rétablir les conditions nécessaires au succès de la transition verte”.
L’accélération de cette transition verte doit venir des gouvernements qui “n’ont pas su profiter des dernières années de faibles taux d’intérêt pour accélérer les investissements” dans des projets énergétiques verts, a-t-elle tancé. Ces lenteurs, accentuées par les lourdeurs administratives, “empêchent le déploiement des énergies renouvelables à un rythme compatible avec l’atteinte de la neutralité climatique d’ici 2050 au plus tard”, a-t-elle poursuivi.
La BCE a de son côté annoncé en juillet dernier une série de mesures pour “verdir” sa politique monétaire en ciblant des émetteurs de dette polluants.
Cela ne va pas assez loin aux yeux d’ONG environnementales qui poussent l’institution à lancer des opérations de prêts verts “ciblés”. Ce pourrait être “un instrument à considérer à l’avenir”, mais uniquement “lorsque la politique (monétaire, ndlr) redeviendra à nouveau expansionniste”, selon Mme Schnabel.
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