Les différents gouvernements du pays vont entrer en conclave budgétaire. Ils sont tenus de préparer un budget en ordre de marche pour 2026. En Flandre, la question a été réglée en un weekend. Ce sera plus compliqué au fédéral et au sud du pays.
Le budget est devenu un thème majeur du débat politique. Ça l’était depuis un certain temps au nord du pays, c’est désormais aussi le cas à Bruxelles et en Wallonie où les finances publiques se sont même immiscées dans la campagne électorale. Celle-ci n’a pas été dominée par des questions migratoires ou communautaires, mais par le pouvoir d’achat et la capacité de l’État et des Régions à stopper leur dérapage budgétaire.
En Flandre, le budget 2026 a été bouclé le weekend dernier. L’exécutif mené par Matthias Diependaele (N-VA) va sérieusement se serrer la ceinture, avec un effort de 1,5 milliard d’euros. Principalement avec des réductions de dépense, dont 350 millions d’euros de subsides gelés. Retour à l’équilibre prévu dès 2027. On ne peut pas en dire autant des autres niveaux de pouvoir.
Fédéral
Au niveau fédéral, le premier tour de vis est venu de l’accord de gouvernement. L’Arizona s’est entendu sur un effort de 23 milliards d’euros. Depuis lors, les dépenses en matières de défense ont explosé et la trajectoire initiale de l’État fédéral est en train de dévisser.
Le Comité de monitoring en a rendu compte, hier soir, dans un nouveau rapport. À politique inchangée, la trajectoire budgétaire s’orientera vers un déficit de 42,6 milliards d’euros en 2030, c’est-à-dire 5,8% du PIB pour le seul État fédéral. C’est très loin de l’objectif de 3,7% de l’Arizona. Dès 2026, le déficit repartirait à la hausse, à 4,2% du PIB, soit 26,6 milliards d’euros.
Outre les dépenses en matière de défense, la détérioration s’explique par une baisse des recettes fiscales et par les charges d’intérêt.
Politiquement, le MR exerce une pression sur ses partenaires depuis un certain temps. Georges-Louis Bouchez estime que l’Arizona doit faire un effort complémentaire de 20 milliards d’euros. “Excessif”, juge Les Engagés. Le parti de Maxime Prévot et d’Yvan Verougstraete vise un objectif intermédiaire, pour un retour aux 3% de déficit en 2032. La N-VA est entre les deux, mais table quand même sur un effort supplémentaire de 12 milliards d’euros.
L’Europe ne regarde plus tellement les déficits, mais les dépenses primaires. Et d’après les dernières évaluations, l’effort minimal tournerait autour des 9 milliards d’euros.
En janvier dernier, la répartition de l’effort s’était fait comme suit : deux tiers de réformes structurelles et un tiers de mesures discrétionnaires. Dans ces mesures discrétionnaires, un tiers était accordé à la levée de nouveaux impôts. Un tabou absolu pour le MR.
Wallonie
En Wallonie, tout commence. Parce que les efforts du budget 2025 avaient été complètement annihilés par la réforme des droits d’enregistrement, si bien que le déficit s’accentuait de quelques dizaines de millions d’euros.
Il faut donc recommencer. C’est-à-dire réaliser au moins 266 millions d’euros d’économies par an. De quoi passer d’un déficit de 2,2 milliards par an à 1,3 milliard en 2029.
“On va devoir assumer des choix très compliqués“, a reconnu Pierre-Yves Jeholet (MR), lors de son interview de rentrée, accordée à Trends-Tendances. L’année dernière, l’effort avait été porté par Wallonie Entreprendre ou via une baisse des subsides facultatifs. Désormais, le ministre de l’Économie veut une réforme de l’Aide à la Promotion de l’Emploi (APE).
Plus globalement, les aides aux entreprises seront réévaluées et mieux ciblées. Le ministre entend également poursuivre ses réformes de rationalisation et d’efficacité. Cette fois au sein de l’Awex, de l’Agence du Numérique, au Forem et à l’IFAPME, entre autres.
Georges-Louis Bouchez a aussi évoqué la question des allocations familiales, mais c’est un tabou absolu pour les Engagés, qui iraient bien chercher quelques deniers dans les communes prospères qui n’ont pas besoin d’aide de la Région.
Bruxelles
À Bruxelles, on balbutie encore. Six partis se sont enfin mis autour de la table en vue de discuter un budget. La situation est intenable pour de nombreux organismes publics et non marchands qui attendent des financements.
Les négociations ont débuté ce lundi et David Leisterh (MR) a déposé une note budgétaire sur la table. Il est entendu de faire un effort d’au moins 1 milliard d’euros. Le but, à terme, est d’enrayer un budget qui dérive d’1,5 milliard par an sur un budget de 7,5 milliards d’euros, pour ramener le déficit à 500 millions par an en 2029.
Après ce budget, l’objectif est d’aller chercher un 4e partenaire flamand. Probablement le cd&v, en vue de former une majorité du côté néerlandophone et donc un gouvernement. Mais dans la capitale, on ne peut jurer de rien.
À la Fédération Wallonie-Bruxelles, le but est de stabiliser le déficit, avec un nouveau gros effort de 300 millions d’euros. À bien des égards, de nouvelles baisses dans les dépenses s’annoncent explosives.