Les débuts compliqués d’Yves Coppieters (Les Engagés) : la coalition Azur manque-t-elle déjà de cohérence ?
Le ministre de la Santé, Yves Coppieters (Les Engagés), enchaîne les déclarations maladroites. Un manque d’expérience politique qu’il a lui-même reconnu. Le problème est que cela révèle un début de manque de cohérence pour la coalition Azur. Une coalition qui sera forcément attendue au tournant : c’est le prix à payer, quand on dit vouloir applique une politique de rupture.
Durant la pré-campagne électorale, les téléspectateurs de RTL-TVI avaient déjà noté son manque de connaissance de la politique belge et de ses institutions, étant incapable de répondre à un quiz portant sur le nombre de députés fédéraux, l’année d’indépendance de la Belgique, la localisation du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ou la signification de cdH.
Soit, c’est peu flatteur, mais il n’y a pas mort d’homme. Tout comme pour sa première interview en tant que ministre, après avoir prêté serment devant le Parlement wallon. Yves Coppieters jugeait, face aux interrogations sur ses nombreux portefeuilles, devoir “bien se faire encadrer” étant “moins à l’aise avec certaines compétences”, et “bien se faire aider” étant “novice en politique”. Un peu gênant et maladroit, mais il n’y a pas mort d’homme non plus.
Cohérence d’équipe
Ce qui est plus ennuyeux, c’est quand on entre dans le vif du sujet. Prenons l’exemple des pesticides, qui ont créé un début de polémique. Dans La Libre, la toute aussi novice ministre de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq (MR), estimait que “les pesticides devaient rester un outil pour les agriculteurs qui les utilisent correctement”, ajoutant qu’on les qualifie souvent de “mauvais de manière très dogmatique”, alors que “toutes les doses sont déterminées par des médecins”.
Quelques jours plus tard, à la Foire de Libramont, le ministre de la Santé, par ailleurs aussi médecin, était interrogé par la RTBF à ce sujet. Et il n’était visiblement pas du tout sur la même ligne : “Ma volonté, en termes de santé publique, c’est d’arriver à supprimer une fois pour toutes ces produits qui sont nocifs. Je vous rappelle que chez nous les cancers et les maladies chroniques sont en augmentation. Ce n’est pas le seul fait des pesticides, mais ils font partie de ces conditions environnementales qui mettent notre population à risque.”
Cohérence avec la DPR
La dernière polémique fait suite à la première réunion du gouvernement wallon, jeudi dernier. Sur les réseaux sociaux, Yves Coppieters se déclarait “très heureux d’avoir débloqué le financement” d’un appel à projets visant à intégrer les personnes étrangères au niveau local. “169 ASBL ont été retenues”, ajoutait fièrement Yves Coppieters, qui recevait même les félicitations de sa prédécesseure, la socialiste Christie Morreale.
A priori, pas de quoi sauter au plafond. Sauf quand vous avez une déclaration de politique générale qui s’attarde explicitement sur “l’optimisation et l’harmonisation des mécanismes relatifs aux subventions”, indiquant vouloir réaliser “un cadastre des subventions allouées” aux associations et en terminer avec les “faits du prince”. Avouons qu’analyser le travail de 169 ASBL en quelques jours, c’est une sacrée prouesse pour un gouvernement qui s’est réuni à peine une fois.
Amener de nouvelles têtes en politique apporte certainement un vent de fraicheur. Mais l’inexpérience peut très vite casser une dynamique jugée unanimement de positive, jusqu’à présent. D’autant plus quand on annonce une politique de rupture, voulant faire table rase du passé et faire sauter les tabous.
Forcément, on est attendu au tournant. Et la cohérence sera un élément déterminent. On semble d’ailleurs en être bien conscient dans les chancelleries, puisque la communication vers l’extérieur est désormais verrouillée jusqu’au 15 août, nous fait-on savoir. Le temps de former les cabinets ministériels et de préparer les dossiers. Pas une mauvaise idée.
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