“L’Écosse indépendante et européenne: une possibilité très claire”
Le Brexit pourrait avoir des conséquences jusqu’en Catalogne, mais sans doute pas en Flandre, estime le politologue Vincent Laborderie (UCL), spécialiste de la séparation des États et de la reconnaissance des nouveaux États.
Trends-Tendances: L’indépendance de l’Écosse est-ce une hypothèse crédible à brève échéance ?
Vincent Laborderie: L’ancien Premier ministre écossais voulait aller vite en cas de Brexit et organiser un référendum dans les deux ans, avant donc que le Royaume-Uni ne sorte effectivement de l’Union. L’actuelle Première ministre Nicola Sturgeon est plus circonspecte quant au timing, mais oui, l’indépendance de l’Écosse est une possibilité très claire. Nous pourrions avoir deux négociations parallèles: comment séparer l’Écosse du Royaume Uni et comment la maintenir dans l’Union européenne.
L’Europe a toujours été très frileuse en la matière, de peur d’un effet d’entraînement sur d’autres Régions, comme la Catalogne. Cela changera-t-il ?
C’est vrai, l’Europe a toujours eu peur, disait-on, d’ouvrir la boîte de Pandore. Mais la boîte est ouverte. Le referendum britannique a tout chamboulé. On craignait que des débats indépendantistes ne créent de l’instabilité. Mais nous sommes entrés dans une ère d’instabilité, au moins jusqu’à la sortie effectivement du Royaume-Uni. Nous verrons aussi si d’autres pays veulent faire comme la Grande-Bretagne et quitter l’Union.
Vous évoquiez deux négociations en parallèle. L’Europe peut-elle avoir son mot à dire dans des discussions anglo-écossaises sur l’indépendance de l’Écosse ?
Oui, elle peut faciliter les choses en permettant par exemple une forme de continuité, en n’obligeant pas l’Écosse à réadhérer, car ses citoyens étaient déjà des citoyens européens ou, à tout le moins, en optant pour une procédure beaucoup plus simple et rapide que pour la Serbie ou l’Islande.
Au risque d’offrir un magnifique argument aux Catalans…
Je vous l’ai dit, la boîte de Pandore est de toute façon ouverte. Nous sommes entrés dans une nouvelle période.
Cela pourrait-il donner des idées à la Flandre ?
La situation est très différente. En Écosse et en Catalogne, il y a un mouvement de fond dans la population et l’Europe ne peut l’ignorer. Il y a deux ans, lors du référendum écossais sur l’indépendance, on était à du 55-45. En Flandre, la proportion d’indépendantistes est nettement plus faible, on ne voit pas le même mouvement de fond.
Il faudra vraiment observer de près la Catalogne. Le gouvernement régional a été formé par une coalition de partis régionalistes avec quasiment comme seul objectif d’obtenir l’indépendance. Y parviendront-ils ? Cela dépend notamment du résultat des élections législatives espagnoles qui se tiennent justement ce dimanche.
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