Le taux d’emploi atteint un record en Belgique, mais à quel prix ?
Les derniers chiffres publiés sur le taux d’emploi placent toujours la Belgique dans le fond de la classe en Europe malgré une progression constante.
Atteindre un taux d’emploi de 80% d’ici 2030, c’est l’objectif affiché par le gouvernement Belge. Un objectif décrié par ceux qui voient le verre à moitié vide (puisque la Belgique reste en bas de classement au niveau européen), ceux qui pensent que ce taux va stagner et ceux qui dénoncent l’importance des chiffres aux dépens de la qualité des emplois. Et les derniers résultats publiés ce jeudi par Eurostat vont encore leur donner du grain à moudre.
22e sur 27
Ainsi, en 2022, 72% des travailleurs belges âgés de 20 à 64 ans avaient un emploi. La proportion la plus élevée enregistrée depuis le début des études d’Eurostat, soit depuis 2009. Une hausse qui n’est constante que depuis 2015, si on éclipse l’année covidée de 2020 où ce taux d’emploi avait chuté d’1%. La Belgique reste encore et toujours en dessous de la moyenne européenne qui s’élève à 75% de taux d’emploi.
Sur cette carte européenne, notre pays se trouve dans la troisième tranche, qui regroupe les États avec un taux d’emploi compris entre 70 et 78%. Aux côtés de la Belgique, on retrouve la France, le Luxembourg, le Portugal ou encore la Pologne. Mais c’est bel et bien la Belgique qui est bonne dernière de cette catégorie.
En dessous se placent donc les Etats membres avec un taux d’emploi inférieur à 70%. Ils sont cinq : l’Italie (65%), la Grèce (66 %), la Roumanie (69%), l’Espagne et la Croatie (70%).
Au-dessus, la catégorie de ceux qui affichent un pourcentage entre 78 et 81%, on compte l’Irlande ou encore la Finlande (78%). Sans grande surprise, l’Allemagne caracole en tête de cette catégorie avec un taux d’emploi à 81%. Enfin, dans la première tranche, celle qui fait rêver, on trouve en tête la Suède (82% de taux d’emploi) et les Pays-Bas (83%).
En conclusion, la Belgique se place à la 22ème position sur les 27 États membres de l’Union européenne. C’est là où l’on peut soit voir le verre à moitié plein, en se disant que la Belgique continue de progresser, ou le verre à moitié vide, en admettant que presque la totalité des pays européens suivent la même progression, ce qui continue de la placer en queue de peloton.
Un problème de surqualification ?
“80% de taux d’emploi avec des emplois de merde, ça ne règle pas le problème fondamental qu’on nous présente, […] Si on veut augmenter le taux d’emploi, il faut augmenter la qualité de l’emploi.” C’était les mots de Thierry Bodson, le président de la FGTB, a l’annonce par le gouvernement Belge du fameux objectif des 80% de taux d’emploi d’ici 2030.
Il est vrai que l’Allemagne, souvent prise en exemple, s’est retrouvée certes avec un essor du taux d’emploi, mais qui s’est accompagnée d’une hausse très nette de la précarité. Les emplois nouvellement créés se situent souvent dans le secteur des bas salaires, avec des contrats à durée déterminée et/ou à temps partiel. L’importance est donc d’avoir un travail, à n’importe quel prix ? Ce questionnement rend ainsi la deuxième analyse d’Eurostat réalisée dans cette étude d’autant plus intéressante.
Ainsi, en 2022, le taux de surqualification dans l’Union européenne était de 22%. En d’autres termes, presque un emploi sur quatre est pourvu par un travailleur davantage diplômé que ce que l’emploi qu’il exerce l’exige. L’Irlande par exemple, qui a pour rappel un taux d’emploi à 78%, a aussi un taux de surqualification à 28%, parmi les plus élevés de l’UE.
D’autres s’en sortent mieux, puisque la Suède et les Pays-Bas, en tête des taux d’emploi, enregistrent un taux de surqualification de respectivement 13 et 15%, parmi les plus bas de l’UE. L’Allemagne quant à elle est dans la moyenne des 20% de travailleurs surqualifiés par rapport à l’emploi qu’ils occupent. Et la Belgique dans tout cela ? Notre pays se trouve dans le peloton de tête avec 22% de taux de surqualification, ce qui n’est cette fois pas vraiment une bonne chose.
Enfin, il est également intéressant de noter que dans 19 des 27 pays de l’UE (dont la Belgique), les femmes affichent des taux de surqualification supérieurs à ceux des hommes. Davantage de femmes occupent donc des postes de qualité inférieure à celle de leur curriculum vitae. Le débat ne risque donc pas de s’arrêter là…
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