La dernière mise à jour des données d’Eurostat vient confirmer une tendance de plusieurs mois : le taux de chômage est en hausse en Belgique. Forcément, cela nuit à l’un des plus gros objectifs des gouvernements de centre-droit. À savoir atteindre un taux d’emploi de 80% en 2029.
Pour la première fois en quasi deux décennies, le taux de chômage belge est passé au-dessus de la moyenne de la zone euro, à 6,4%, selon les dernières données d’Eurostat. Après le plancher de 5,2%, atteint en février 2022, en pleine relance post-covid, le taux de chômage reprend petit à petit de la vigueur. Surtout depuis septembre dernier, où le taux de chômage était encore de 5,7%.
Au niveau du taux d’emploi, il était en progression au 4e trimestre 2024, à 72,8% pour les 20-64 ans. Mais Statbel n’a pas encore effectué de mise à jour pour le premier trimestre 2025. On peut simplement constater que la route vers les 80% de taux d’emploi est encore longue.

L’opposition dégaine
Forcément, la dégradation du taux de chômage n’est pas passée inaperçue dans l’opposition. Depuis un certain temps, en Wallonie, Christie Morreale (PS) dénonce les mauvais chiffres des gouvernements Arizona et Azur. Sur la RTBF et récemment dans La Libre, l’ancienne ministre wallonne de l’Emploi avance que le nombre de chômeurs a augmenté de 8,3% en Wallonie depuis le scrutin de juin, et que le taux d’emploi a, lui, baissé de 1,8% au sud du pays, alors qu’il a augmenté de la même proportion en Flandre. Ce qui est vrai.
“Le gouvernement wallon n’a aucune stratégie“, assène-t-elle.
Attribuer ces chutes aux gouvernements fédéral et wallon, en place respectivement depuis janvier et juillet dernier, c’est aller beaucoup plus loin. La mauvaise conjoncture ne date en effet pas d’hier. L’an dernier, notre pays a connu un nombre de faillites important, avec 11.067 entreprises qui ont mis la clé sous le paillasson. La barre des 11.000 n’avait plus été atteinte depuis 2013 et cela a mené à la perte de 32.566 emplois, selon Statbel. L’industrie en particulier a été fortement touchée, avec la perte de 9.400 emplois, dont le constructeur de bus Van Hool.

L’année 2025 part sur des bases plus difficiles encore en termes de faillites. Mais là où l’année 2024 était soutenue par la création importante de nouvelles entreprises, ce premier trimestre marque un repli, avec 34.289 nouvelles entreprises contre 40.205 l’année passée. La conjoncture économique ne part clairement pas dans la bonne direction.
Une barre intenable ?
C’est que la création d’emplois dépend beaucoup de la conjoncture internationale. Hier, l’OCDE a prévu une croissance modeste de 1% en Belgique, en 2025 et 2026. Dans ce contexte, difficile de réitérer la création de 100.000 emplois en 2022 et 2023, sous le précédent gouvernement.
Pour atteindre le taux d’emploi de 80%, il faut pourtant créer statistiquement 550.000 emplois dont 260.000 pour la seule Wallonie. Si le ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR), espère que les départs à la retraite mèneront à la création “automatique” de 250.000 emplois, il reste 300.000 emplois nets à créer d’ici la fin de législature. Un pari auquel la Cour des comptes ne croit pas trop, tout comme une kyrielle d’économistes que Trends-Tendances avait récemment interrogés.
Il reste à voir si la limitation des allocations de chômage dans le temps et la politique de remise à l’emploi des malades de longue durée porteront leurs fruits. C’est clairement dans la seconde réforme que réside la principale poche de progression. Mais une récente étude de l’INAMI ne présage rien de bon. De 2018 à 2023, les dépressions et burnouts de plus d’un an ont augmenté de 44%, et la progression est encore plus importante chez les jeunes.