Le PS va se transformer, façon Engagés: à gauche toute, allié structurel du PTB et d’Ecolo, façon Nouveau Front Populaire?
Paul Magnette, président du PS, annonce un chantier de refonte en profondeur du parti. La sociale-démocratie doit retrouver le peuple, face à une droite qui s’extrémiserait. La réflexion est ouverte, mais il n’exclut pas d’aller plus loin dans sa collaboration avec le PTB.
Camarades, la réflexion est ouverte. Paul Magnette, président du PS, annonce une vaste réflexion de refondation du parti, qui va s’échelonner sur deux ans. A l’issue de cela, il remettra son mandat présidentiel dans la balance.
Rien n’est exclu, par même un changement de nom. Mais le cap est clair: il s’agit de se réinventer à gauche, en retrouvant les préoccupations d’un “peuple” fragilisé et tenté par l’extrême droite. Il y a, en toile de fond, des accents de front de la gauche, un peu façon Nouveau Front Populaire en France.
Une lente érosion
Tout part d’un constat d’échec, enfin assumé. “Dès le 10 juin, on s’était dit évidemment que les résultats n’étaient pas bons, même si nous n’avons pas subi une perte sèche significative comme Les Engagés il y a cinq ans., explique-t-il au Soir. On perd 3 % en Wallonie, on est stables à Bruxelles. Mais, quand on se replace dans une perspective plus longue, on voit que c’est la troisième élection d’affilée où l’on descend, on a perdu 6 % en 2014, 6 % en 2019, 3 % ici. C’est une érosion continue.”
C’est le fruit d’un glissemet de l’électorat vers la droite ou le populisme, analyse-t-il. “On voit bien le contexte général, les temps ne nous sont pas favorables, les thèmes dominants sont des thèmes de droite, sur le socio-économique, aussi sur les questions d’égalité femmes-hommes, de lutte contre le racisme, de lutte contre l’homophobie… Il y a dans tout cela une sorte de libération de la parole à droite, un sexisme ordinaire qui s’installe, la poussée d’une droite décomplexée. Ajoutez fondamentalement une critique de l’Etat, des services publics, de la sécurité sociale « qui coûte trop cher »… Oui, le fond de l’air nous est défavorable.”
A gauche, toute
Le temps sera, avant tout, à l’analyse… orientée. “A partir de fin mars, ce sera une phase de diagnostic et d’écoute, dit Paul Magnette. Bon, ça ne sert à rien d’écouter des gens qui sont nos adversaires absolus, par exemple inviter le président des Francs Borains à venir nous expliquer ce qu’il pense du parti socialiste… (…) je pense aux gens qui nous ont dit qu’ils avaient longtemps voté socialiste mais que ce n’était plus le cas, ou des gens qui ne votent plus, ou votent blanc, ou votent protestataire, qui se reconnaissent dans nos valeurs mais qui ne se sentent pas toujours compris, soutenus, je pense au personnel soignant, aux enseignants, aux petits entrepreneurs, entre autres.”
Le choix de l’opposition permettra de tester les propositions au parlement. Et le choix des majorités avec le PTB montre un cap. Le président du PS explique que le PTB n’est peut-être plus révolutionnaire, alors… “Il y a l’analyse stratégique : nous sommes en présence maintenant d’un cartel MR-Engagés, il n’y a pas une nuance entre Georges-Louis Prévot, eh, non, lapsus (sic), je veux dire Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot. C’est un cartel, un bloc. Alors, en face, on fait quoi ? Notre vocation n’est pas de rester dans l’opposition, et notre ambition n’est pas de participer au pouvoir en devenant le junior-partner du cartel des droites…”
Il y a un parfum de Nouveau Front Populaire en France, où le PS est allié à Ecolo et à LFI. On sait Paul Magnette attiré par notre voisin. Un écueil, toutefois: outre-Quiévrain, on voit qui donne le ton populiste et communautariste de cette alliance.
Les socialistes devront, aussi, se pencher sur de danger-là.
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