Le PS fragilisé, en mode reconstruction, avec des risques de déchirures internes

Paul Magnette à son arrivée au Palais. BELGA PHOTO DIRK WAEM
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les socialistes digèrent leur probable mise à l’écart des gouvernements, sauf à Bruxelles. Paul Magnette en première ligne. Des critiques se font jour sur l’écosocialisme, la ligne communautariste ou le schisme Wallonie-Bruxelles. Les communales seront cruciales.

Le PS se remet en ordre de marche. Et digère les résultats des élections du 9 juin. Le président Paul Magnette a été conforté par le bureau du parti: c’est lui qui mènera la “reconstruction”. Il pourrait même abandonner le maïorat de Charleroi: il n’a pas demandé de dérogation pour un décumul et on murmure que Thomas Dermine, secrétaire d’Etat sortant, pourrait se lancer en vue de lui succéder.

C’est qu’il faut replacer les camarades après le choix de l’opposition, à tout le moins en Wallonie et au fédéral. Pierre-Yves Dermagne, vice-Premier sortant, sera chef de groupe parlementaire, tout comme Christie Morreale, que certains voyaient à la ministre-présidence wallonne. Le MR de Georges-Louis Bouchez et les Engagés de Maxime Prévot en ont décidé autrement.

Pour le PS, le moment est venu de se réinventer… sans trop secouer la dynamique interne, car une autre échéance vitale se profile: les élections communales.

Trois critiques fondamentales

Le chantier de Paul Magnette passera par la communication: un jeu de chaises musicales a lieu dans ce département. Mais il devrait, aussi, être plus profond. Car trois critiques fondamentales sont exprimées, qui menacent aussi la cohésion du parti.

Premièrement, la voix écosocialiste prônée par Paul Magnette n’a pas percolé autant qu’il le souhaitait. Les écologistes, alliés naturels d’une majorité progresiste, ont bu la tasse et la majorité en question n’a jamais vu le jour. Avec l’écosocialisme, le PS n’a sans doute pas perçu la rage qui existait dans les rangs des travailleurs ou des classes moyennes tentées par le PTB, mais aussi par la “droite populaire” de Bouchez. Copie à revoir.

Deuxièmement, le PS bruxellois pourrait monter dans une majorité régionale alors que le mot d’ordre du bureau de parti après l’élection était d’aller dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir. Un geste de défiance de l’homme fort bruxellois, Ahmed Laaouej, contre Paul Magnette? Apparemment pas: le premier a déclaré que cela se faisait en bonne entente, parce que le PS était “incontournable” dans la Région-Capitale après le choix fait par Ecolo d’aller dans l’opposition. Il n’empêche: certaines voix en interne mettent en garde contre un risque de “schisme Wallonie-Bruxelles”. Et l’on ne parle pas de fédérations courroucées par la ligne portée par Paul Magnette, à Liège notamment.

Troisièmement, l’ancien ministre-président bruxellois Charles Picqué a critiqué la ligne communautariste suivie dans les villes. “Le communautarisme est un enfermement, a-t-il regretté. Il faut trouver des ponts pour pouvoir se parler et ne pas s’enfermer dans des ghettos culturels et communautaires.” Une série de “dissidents”, dont l’ancien député bruxellois Julien Uyttendaele, ont d’ailleurs opté pour une alternative – non-politique pour l’instant – baptisée les “Universalistes”. Pour autant, c’est à Bruxelles que le PS a le mieux sauvé les meubles.

Comment le PS renouera-t-il avec ses fondamentaux en tant éloigné du pouvoir? La question est sur la table. Alors qu’une échéance capitale se profile pour le parti: les élections communales d’octobre. Menacé par le PTB et le MR dans certaines grandes villes et communes, le PS y jouera gros. Très gros. Pour l’instant, le débat est feutré. L’ampleur de la remise en question à venir dépendra sans doute de son éventuelle sanction au niveau local.

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