Daan Killemaes
‘Le pouvoir d’achat des Belges va s’améliorer dès 2018’
“Alors que la reprise est solidement en selle, votre salaire semble encore en crise”, constate le rédacteur en chef Daan Killemaes du Trends Tendance néerlandophone. Il y a pourtant une amélioration en perspective selon lui.
L’économie européenne et l’économie belge se portent bien, mais qu’achetez-vous avec cela ? Vous avez peut-être déjà remarqué que les nouvelles dans les médias ne correspondent pas aux évolutions de votre fiche de salaire. Alors que la reprise est solidement en selle, votre salaire semble être encore en crise. Il faut chercher les améliorations à la loupe. Le pouvoir d’achat du salaire moyen augmente cette année de précisément 0,5%. Ce qui vous permet juste d’acheter quelques pains. Heureuse reprise.
Si cela peut vous consoler, vous n’êtes pas seul. Dans l’ensemble de l’Europe, et même dans l’ensemble de l’Occident, on note l’absence de hausses salariales significatives. L’économie européenne croît déjà depuis dix-huit trimestres successifs et, selon les prévisions d’automne de la Commission européenne, elle va accélérer pour devenir la croissance la plus forte en dix ans. Le chômage diminue, ce qui devrait traditionnellement être le signe précurseur d’une augmentation des salaires.
Mais il n’y en a encore aucun signe. Dans quasi toute l’Europe, les augmentations salariales font obstinément défaut, ce qui fait que l’inflation ne donne également pas signe de vie, au grand étonnement même des banques centrales. Même aux États-Unis, où le cycle conjoncturel est déjà deux à trois ans en avance, on s’interroge.
La reprise économique ne deviendra mature que si elle s’accompagne d’une robuste hausse des salaires
La reprise ne deviendra mature que si elle s’accompagne d’une robuste hausse des salaires, du pouvoir d’achat et donc de la consommation. Si votre salaire augmente de 4% par an, consistant en 2% de pouvoir d’achat supplémentaire et 2% d’inflation. Si le salarié moyen peut se permettre un petit week-end en plus par an.
La reprise européenne a significativement pris du retard sur les expansions antérieures du fait que la consommation privée n’a pas encore repris. C’est précisément la raison pour laquelle le président de la BCE Mario Draghi n’ose pas encore laisser l’économie fonctionner sans le soutien d’une politique monétaire très souple.
Mais à chaque inconvénient son avantage. Cette reprise lente et fragile, malgré son âge déjà respectable, ne mourra pas rapidement de vieillesse. La fleur de l’âge de la reprise doit encore commencer, si les salaires peuvent se joindre au festin.
Mais pourquoi les salaires n’ont-ils pas encore été invités à cette fête ? Demandez-le à douze économistes et vous obtiendrez treize réponses. Il y a la numérisation et la globalisation, qui ont restreint le pouvoir de négociation de pas mal d’employés. Malgré la diminution du chômage, il y a encore pas mal de potentiel inexploité sur le marché du travail. En Europe, environ un cinquième de la population active travaille encore involontairement à mi-temps ou via des contrats temporaires.
Il y a aussi une augmentation de la participation des femmes au marché du travail, ce qui entraîne une diminution du salaire moyen. La discrimination comme variable monétaire, donc. Et il y a la faiblesse obstinée de la productivité. Votre patron ne peut pas vous payer davantage, car vous devenez à peine plus productif. C’est une dure loi économique, mais c’est la loi.
Votre salaire a beau encore être aux soins intensifs, la probabilité que vous gardiez votre emploi ou que vous en trouviez un nouveau a sensiblement augmenté.
Il y a encore davantage de consolation. Votre salaire a beau être aux soins intensifs, la probabilité que vous gardiez votre emploi ou que vous en trouviez un nouveau a sensiblement augmenté. En Belgique, la hausse du pouvoir d’achat cette année est autant due à la création d’emplois supplémentaires qu’à des hausses de salaire pour des emplois existants. Les syndicats ne l’admettront pas rapidement, mais la modération salariale crée de cette manière de la solidarité entre celui qui a un emploi et celui qui n’en a pas.
Via une augmentation limitée de la consommation, la politique belge de modération salariale se trouve aussi à la base des performances de croissance relativement plus pauvres de notre économie. Nous croissons plus lentement que la moyenne européenne, mais c’était un choix nécessaire de troquer un peu de pouvoir d’achat contre un peu de compétitivité. Nous ne voulons tout de même pas finir comme la Belgique d’il y a quelques années ?
Il y a encore davantage de consolation sous forme d’une amélioration imminente. L’an prochain, le pouvoir d’achat de la majorité des Belges au travail recevra une double injection. Non seulement il y aura un salaire brut plus élevé, mais le gouvernement mettra aussi la main à la poche par le biais de diminutions fiscales dont surtout les revenus les plus faibles bénéficieront. En tout, le pouvoir d’achat en 2018 et en 2019 devrait à chaque fois augmenter de 2%.
Bientôt, vous achèterez même quelque chose, avec la reprise…
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