Le PIB britannique a finalement progressé, ce qui écarte les craintes immédiates de récession
L’économie britannique a finalement progressé au 2e trimestre, selon des chiffres révisés, écartant les craintes immédiates de récession et offrant une bouffée d’air à la Première ministre Liz Truss, dont les baisses d’impôts massives ont placé le pays au bord de la crise financière.
Une première estimation avait donné le Produit intérieur brut (PIB) en baisse de 0,1% au deuxième trimestre, celui-ci a finalement enregistré une hausse de 0,2% sur cette période, selon un chiffre révisé publié vendredi par l’Office national des statistiques (ONS) britannique.
Mais le répit risque de n’être que de courte durée, car l’institut statistique, qui publie vendredi toute une série de données révisées, prévient aussi que l’économie est globalement plus mal en point que ce qu’elle pensait.
Le PIB britannique n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie: il est inférieur de 0,2% à ce qu’il était fin 2019, contrairement à une première estimation qui le voyait plus haut de 0,6%.
L’annonce vendredi par le gouvernement de la conservatrice Liz Truss de mesures de soutien à l’énergie et de baisses d’impôts massives au financement flou a semé la panique sur les marchés, faisant plonger la livre et s’envoler les taux de la dette britannique.
Lire aussi| Le Royaume-Uni, le nouveau Lehman Brothers ?
Mme Truss et son Chancelier de l’Echiquier Kwasi Kwarteng doivent rencontrer vendredi le directeur de l’organisme public de prévision budgétaire OBR, dans une tentative de rassurer les marchés et les Britanniques sur le fait que les finances publiques sont sous contrôle, selon la presse britannique.
Parmi les critiques émanant d’économistes mais aussi des rangs conservateurs, le fait que le gouvernement n’aie pas demandé, à l’occasion de la présentation fiscale de vendredi, de nouvelles projections économiques officielles à l’organisme public de prévision budgétaire OBR figure en bonne place.
“La bonne nouvelle est que l’économie n’est pas encore en récession. La mauvaise nouvelle est que, contrairement à ce que l’on pensait auparavant, elle n’est toujours pas revenue aux niveaux d’avant la pandémie”, a résumé Paul Dales, de Capital Economics.
“C’est la seule économie du G7 dans cette situation et cela rend les plans budgétaires” du ministère des Finances “encore plus intenables”, selon lui.
Bas de laine
La révision du PIB de vendredi prend notamment en compte “des estimations plus précises concernant le secteur financier et sur la façon dont les coûts pesant sur le secteur de la santé ont évolué pendant la pandémie”, a indiqué Grant Fitzner, chef économiste de l’ONS, sur Twitter.
La Banque d’Angleterre avait estimé la semaine dernière que l’économie britannique était déjà entrée en récession, en se basant sur une contraction au deuxième trimestre. Mais il faut deux trimestres consécutifs de recul, selon l’une des définitions techniques classiques, pour parler de récession.
Les données de l’ONS montrent aussi que “si les économies des ménages ont reculé au trimestre dernier”, les Britanniques “avaient mis davantage d’argent de côté pendant et après la pandémie que ce que nous avions précédemment estimé”, a ajouté M. Fitzner.
“Ceci suggère que les consommateurs ont encore la possibilité d’économiser moins et de dépenser plus”, estime Martin Beck, économiste de EY Item Club. Mais la situation des ménages “reste difficile” alors que “les pleins effets d’une inflation élevée doivent encore se répercuter sur les revenus”, selon lui.
D’autant que les taux des prêts hypothécaires sont à la hausse, ce qui “accroît le risque d’une correction brutale des prix de l’immobilier, qui pourrait avoir des conséquences importantes sur les dépenses de consommation”, selon lui.
L’institut statistique a aussi confirmé vendredi une révision à la baisse du PIB de 2020, avec une contraction de 11% du PIB, nettement plus importante qu’initialement estimé, à savoir 9,3%. Il a aussi revu légèrement à la hausse le rebond de la croissance en 2021, à 7,5% (7,4% précédemment).
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici