Christophe De Caevel
Le pétrole commence à sentir la fin de parcours mais avons-nous toujours des idées?
Vous vous souvenez peut-être de ce vieux slogan, “on n’a pas de pétrole, mais on a des idées”. Aujourd’hui, le pétrole et les énergies fossiles commencent à sentir la fin de parcours mais avons-nous toujours des idées?
Vous vous souvenez peut-être de ce vieux slogan, “on n’a pas de pétrole, mais on a des idées”. Aujourd’hui, le pétrole et les énergies fossiles commencent à sentir la fin de parcours mais avons-nous toujours des idées? Quand l’Europe débloque une enveloppe exceptionnelle de 5,9 milliards d’euros pour la relance de l’économie belge, on s’attend à voir sortir des projets vraiment exceptionnels. C’est le moment ou jamais de quitter les routes ordinaires pour affirmer son imagination et son ambition.
D’où une grande déception en constatant que de vieux dossiers comme la rénovation du palais de Justice de Bruxelles, l’assainissement des friches industrielles wallonnes (on en parlait déjà avant le Plan Marshall!), l’extension du tram de Liège ou la construction de 5.000 places supplémentaires dans les crèches ont réussi à se glisser dans ce plan. Ces chantiers sont évidemment utiles, voire très utiles, mais ils relèvent de l’exercice classique du pouvoir, pas d’une occasion “exceptionnelle” de voir plus loin et de changer de registre. “Data is the new oil“, rappelle le patron de la SRIW Olivier Vanderijst dans l’interview qu’il nous a accordée. Ce nouveau pétrole semble hélas ne pas avoir suscité la moindre idée dans les cercles gouvernementaux. Il existe pourtant, en Brabant wallon, une start-up (Aerospacelab) qui fabrique des mini-satellites et rêve de construire un écosystème de collecte et de traitement des données. Pourquoi ne pas saisir l’occasion de donner du corps à ce rêve?
Le plan présenté par le secrétaire d’Etat à la Relance Thomas Dermine (PS) montre heureusement de l’audace dans d’autres domaines. Le plus exemplatif est sans doute l’hydrogène vert, avec une belle articulation entre les projets régionaux visant à la production (160 millions rien que pour la Wallonie) et ceux de l’Etat fédéral pour le transport et le stockage. Plus de 100 millions sont par ailleurs prévus pour développer des filières de traitement d’une série de déchets, des métaux à la construction en passant par les batteries des voitures électriques. C’est un domaine dans lequel la Belgique présente un réel savoir-faire, susceptible de créer à terme de la valeur.
Dans un autre registre, on saluera les projets wallons visant à renforcer le hub de formation numérique A6K et à créer une école européenne de biotechnologie. C’est indispensable pour que les entreprises qui se développent dans ces secteurs très porteurs puissent continuer à trouver la main-d’oeuvre nécessaire dans la région.
Ce problème de recrutement risque en revanche de se poser dans le secteur de la construction. Entre Bruxelles, la Wallonie et l’Etat fédéral, des chantiers de rénovation (surtout énergétique) des bâtiments publics sont en effet envisagés pour près d’un milliard d’euros. Cela correspond aux prescrits de la Commission européenne, qui impose de consacrer 37% des investissements à la réalisation des objectifs environnementaux. Les entreprises belges de la construction, qui connaissent déjà des pénuries de main-d’oeuvre dans certains métiers, sont-elles bien aptes à assumer un tel volume de travaux dans un laps de temps assez restreint puisque les aides européennes doivent être liquidées d’ici 2026? N’oublions pas que si l’économie repart – et c’est le but premier du plan -, des entreprises voudront étendre leurs usines, des ménages voudront faire construire une nouvelle maison, etc. Il serait dommage que l’effet d’entraînement initié par la dépense publique soit enrayé, faute de main-d’oeuvre immédiatement opérationnelle.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici