Le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration a doublé en 20 ans: “Cela ne peut être toléré, alors que les besoins du marché du travail sont si importants”
Notre pays compte 156.897 bénéficiaires du revenu d’intégration, soit plus du double qu’il y a 20 ans. Avec des allocations plus élevées, on estime que cela pourrait coûter 1,5 milliard d’euros.
La Belgique connaît une augmentation du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration. Lorsque le revenu d’intégration a été introduit en 2003, 0,7 % de la population bénéficiait de ce système, contre 1,34% aujourd’hui. Quelque 46 % des bénéficiaires de ce revenu vivent en Wallonie, 29% à Bruxelles et 25% en Flandre.
Suite à l’accord de gouvernement du gouvernement De Croo, les montants du revenu d’intégration et des allocations minimales ont été augmentés en début d’année et en juin. Combinés au nombre de plus en plus élevé de bénéficiaires de ce type de revenu, cela pourrait donner lieu à une facture record à la fin de cette année. Selon les estimations, la facture pourrait représenter plus de 1,5 milliard d’euros.
Depuis le premier juillet, le revenu d’intégration mensuel est de :
– 825,61 euros pour un cohabitant
– 1 238,41 euros pour une personne seule
– 1 673,65 euros pour une personne avec une famille à charge.
Source : agence pour l’intégration et l’insertion
La forte augmentation du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration s’est surtout produite sous le gouvernement Michel, de 2014 à 2018. Selon le Bureau du Plan, cette augmentation est due à l’afflux de réfugiés et aux règles plus strictes en matière d’allocations de chômage pour les jeunes. Les étrangers bénéficiant d’une protection subsidiaire peuvent également percevoir un revenu d’intégration depuis 2016.
Pour le professeur Marc De Vos, expert du marché du travail au sein du groupe de réflexion Itinera et chroniqueur à Trends, cette augmentation n’est pas nécessairement problématique. “En Belgique, nous avons progressivement adopté une politique selon laquelle, en cas de chômage, vous êtes soit employable, soit à la recherche d’un emploi. Si vous n’êtes ni l’un ni l’autre, vous n’avez pas droit aux allocations de chômage. Cela a conduit ces personnes à frapper à la porte du système du revenu d’intégration. En soi, ce n’est pas une erreur, car sinon, vous assurez des personnes qui n’y ont pas droit.
Un problème résiduel
Les chiffres, publiés par De Standaard il y a quelques années, montrent que la majorité des bénéficiaires d’allocations sont issus de l’immigration, et 9 sur 10 sont à Bruxelles. “Il s’agit principalement de nouveaux arrivants et de personnes qui se trouvent dans un système de chômage en cascade”, a déclaré Marc De Vos. “C’est un paradoxe que nous ne pouvons plus tolérer, alors que les besoins du marché du travail sont importants. »
Selon M. De Vos, l’augmentation du nombre de travailleurs bénéficiant d’un revenu d’intégration montre qu’il est urgent d’assainir le marché du travail. “Le revenu d’intégration est un problème résiduel qui commence très tôt pour certaines personnes, en particulier celles qui sont sorties du système de chômage”, déclare-t-il. Il estime que le seuil d’accès au marché du travail est trop élevé, notamment en raison des exigences linguistiques et des coûts salariaux. Il appelle à des mesures plus ciblées pour promouvoir l’emploi des “nouveaux arrivants”.
Revenu d’intégration conditionnel
D’un point de vue politique, le député Theo Francken (N-VA) a révélé sur X, anciennement Twitter, qu’il ne voyait pas l’intérêt d’abolir le revenu d’intégration. “La proposition telle qu’elle a été approuvée lors de notre congrès est la bonne”, a-t-il déclaré. Elle stipule qu’un nouvel arrivant doit d’abord résider légalement dans notre pays, pendant cinq ans, avant de percevoir un revenu d’intégration complet.
Marc De Vos n’a pas non plus d’objection à ce que le revenu d’intégration soit soumis à des conditions. “Je le ferais de manière intelligente, en liant la politique de prévention à l’intégration, l’activation et la formation à une incitation financière. Nous vivons dans un État-providence, mais il est difficile de le maintenir si nous ne gérons pas correctement nos frontières. Avec la migration, nous devons commencer à nous demander si nous ne devrions pas rendre l’accès à cet État-providence graduel”, ajoute-t-il.
M. De Vos estime qu’il n’est pas opportun de bloquer complètement l’accès au revenu d’intégration. “La chose la plus facile serait de retirer les allocations aux personnes, mais alors vous les poussez vers la pauvreté. Il s’agit du niveau le plus bas de protection des personnes dans notre société.”
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