Eddy Caekelberghs

Le moteur chinois se grippe!

Eddy Caekelberghs Journaliste à La Première (RTBF)

Depuis le congrès du Parti communiste chinois du 16 octobre, Xi Jinping est conforté puisque son troisième mandat (une exception depuis Mao) lui donne une aura et un pouvoir réels. Mais les failles existent.

La Chine a un gros problème démographique: en 2013, le nombre de mariages annuels atteignait son plus haut niveau avec presque 13,5 millions d’unions. En 2021, il chutait à 7,6 millions. Alors que Xi Jinping entame un troisième mandat, cette crise démographique constitue un important défi pour les décennies à venir.

Et sur le plan économique, la croissance de la Chine sera plus faible que celle des autres économies du Sud-Est asiatique pour la première fois depuis 30 ans. Selon les nouvelles prévisions de la Banque mondiale, elle n’atteindrait plus que 2,8%, contre 5,3% en moyenne pour les autres économies de la région. Les dégâts causés par la politique zéro covid et par l’effondrement du marché immobilier chinois (le plus important au monde) sont plus que sensibles.

Mais pour l’heure, le rebond pandémique est sans doute son plus grand défi. Plus de 2.000 nouveaux cas journaliers de covid ont été confirmés ces derniers jours. Shanghai et Shenzhen intensifient les tests de dépistage sur la population, tandis que ce rebond contraint les autorités à fermer certaines écoles et lieux touristiques. La stratégie zéro covid de Xi pour regagner la confiance sanitaire et restaurer l’image ébréchée met en difficulté les exportations chinoises et contribue à réorienter, rediversifier, voire relocaliser, certains secteurs dans nos pays et continents.

Depuis le début du 21e siècle, les entreprises européennes avaient pourtant largement développé leurs activités en Chine. Mais la politique zéro covid, couplée à une baisse de la croissance chinoise et à la montée des tensions géopolitiques, a profondément affecté le modèle de développement des investissements directs à l’étranger (IDE) européens en Chine. Pour preuve: une enquête en avril dernier montre que 75% des entreprises européennes interrogées ont subi un impact négatif des mesures de confinement, 85% font état de difficultés à obtenir des matières premières et 89% de difficultés à les transporter.

Apple a annoncé transférer un certain nombre de ses usines de production de son nouvel iPhone 14 en Inde afin de diversifier ses chaînes de production en dehors des frontières chinoises.

Les enquêtes montrent qu’une coopération plus étroite entre les Etats-Unis et la Chine serait vitale pour améliorer l’environnement d’investissement. Mais les crises à répétition autour de Taïwan compliquent les choses et les élections américaines de mi-mandat (annoncées défavorables aux démocrates) ne donnent pas le bon tempo. La chambre de commerce allemande en Chine a fortement encouragé les dirigeants chinois et européens à envoyer des signaux positifs lors du sommet entre l’Union européenne et la Chine d’avril dernier en contribuant à la paix mondiale. Est-ce pensable? Ceci explique en tout cas une certaine exaspération chinoise face à l’aventure russe en Ukraine.

Apple a annoncé transférer un certain nombre de ses usines de production de son nouvel iPhone 14 en Inde afin de diversifier ses chaînes de production en dehors des frontières chinoises. Un choix motivé par les tensions géopolitiques mais également par les problèmes d’approvisionnement majeurs pour les entreprises étrangères. Bref, l’environnement chinois se grippe.

Xi a confirmé sa participation au sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique qui se tiendra les 18 et 19 novembre mais Joe Biden sera, quant à lui, a priori absent de cette rencontre car il assistera au mariage de sa petite-fille Naomi. Une fausse rumeur de coup d’Etat a soumis Xi à rude épreuve avant le congrès du PCC. Ce grippage en cours pourrait le fragiliser bien plus encore!

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