Le commissaire européen à l’Emploi se prononce pour la semaine de 4 jours dans l’UE

Réunion à la Commission européenne © Getty images

L’idée de travailler quatre jours au lieu de cinq séduit les employés européens. Si certains Etats membres commencent à expérimenter cette semaine réduite, le commissaire européen à l’Emploi voudrait la généraliser.

L’idée d’une semaine de travail réduite à quatre jours continue de faire son bonhomme de chemin dans l’Union européenne. La période de pandémie a accéléré les réflexions sur une question à laquelle les gouvernements tentent (encore timidement) de répondre. 

Mais pour le commissaire européen chargé de l’Emploi, Nicolas Schmit, l’Union européenne devrait encourager la mise en œuvre de la semaine de quatre jours, notamment dans les secteurs connaissant une pénurie de main-d’œuvre. C’est ce que rapporte le journal portugais Lusa, repris dans EURACTIV.

Le Luxembourgeois mise notamment sur la nouvelle génération qui, selon lui, à “une certaine vision de l’équilibre entre le travail et la vie personnelle”. Admettant qu’il n’y a pas (encore ?) de position commune au sein de l’Union européenne, Nicolas Schmit indique que c’est une décision qui se prendra pour l’instant “sur la base d’accords entre les partenaires sociaux”.

Et face à la pénurie à laquelle font face certains secteurs, comme les transports, la restauration ou la santé, “la question de la réduction du temps de travail peut constituer un moyen d’attirer” et “devenir plus attractif” selon lui. 

En effet, le commissaire à l’Emploi admet que l’Union européenne présente aujourd’hui pas tant un problème de chômage que de pénurie de main-d’œuvre. “De nombreux secteurs cherchent désespérément des employés et ne peuvent les trouver parce que les gens ne veulent pas y travailler ou n’ont pas les bonnes compétences”. Il ajoute : “sur le marché du travail, nous constatons toujours une importante inadéquation entre l’offre et la demande de compétences”.

Des expérimentations encore fébriles

La Belgique, avec la Suède, l’Espagne et récemment le Portugal, jouent les avant-gardistes, avec des résultats pour le moment forts mitigés. 

C’est en Suède, où dès 2015, la semaine de quatre jours a fait ses premiers pas. Mais le gouvernement était lui-même réticent face à une mesure qu’il pensait trop coûteuse. Malgré des résultats positifs, l’expérience a fait l’objet de nombreuses critiques et n’a finalement pas été renouvelée

En Allemagne, où les semaines de travail sont en moyenne les plus courtes d’Europe, jusqu’à présent, seules les petites entreprises expérimentent la semaine de travail de quatre jours. Mais pas de contre indication, dans un pays où l’organisation du temps de travail et les salaires sont en général négociés directement entre syndicats et entreprises par branches d’activité, sans que le gouvernement n’intervienne.

Côté espagnol, le gouvernement a  lancé cette année une expérimentation de deux ans destinée à toutes les entreprises de moins de 250 salariés du secteur industriel. Les autorités publiques décideront ensuite si elles l’étendent à toutes les entreprises du pays. Il s’agit de réduire le temps de travail d’au moins 10%, et donc de passer au minimum à quatre jours et demi par semaine, sans toucher au salaire.

En Belgique, la semaine de quatre jours a donc aussi été lancée en fin d’année dernière mais ne fait là aussi pas l’unanimité. Si les travailleurs belges sont plutôt demandeurs, les entreprises refusent majoritairement cette organisation du travail. Elles optent pour un horaire hebdomadaire flexible, où le travail effectué au cours d’une semaine est compensé par un rythme de travail différent la semaine suivante.

Le Portugal vient quant à lui de sauter le pas puisque, dans le cadre du programme pour un travail décent, un projet pilote est prévu pour tester la semaine de quatre jours sur une base volontaire et sans perte de revenus. Dans d’autres pays comme l’Italie ou la France, certaines entreprises ont pris les devants, sans que les gouvernements se soient vraiment positionnés. Imaginer une généralisation de la semaine de quatre jours semble donc encore difficile, mais elle finira peut-être par s’imposer d’elle-même comme seule réponse aux pénuries de main d’œuvre et aux nouvelles exigences des travailleurs, comme le suppose Nicolas Schmit.

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