Un Brexit mal négocié pourrait avoir un impact “terriblement important” pour l’économie belge, avertit un rapport piloté par l’homme d’affaires Paul Buyse (ex-président de Bekaert notamment) remis lundi au Premier ministre.
Commandé en juin dernier par le ministre de l’Economie Kris Peeters, l’étude, réalisée par les différentes fédérations patronales du pays en collaboration avec le concours de la Banque nationale et du SPF Economie, rappelle que le Royaume Uni constitue le quatrième marché pour les entreprises belges.
Celles-ci y exportent pour plus de 30 milliards d’euros de biens et services chaque années.
La balance commerciale entre les deux pays est positive pour la Belgique à hauteur de 16 milliards d’euros, avec des exportations particulièrement importantes dans les secteurs de la chimie, de l’alimentaire, du textile, mais aussi un impact considérable aussi pour le secteur du transport routier ou les ports.
Si la Flandre absorberait 85% des effets négatifs du Brexit pour l’économie belge, la Wallonie n’est pas non plus épargnée.
“Je suis absolument certain que beaucoup d’entreprises ne savent pas qu’elles seront affectées par le Brexit”, souligne Vincent Reuter de l’Union wallonne des entreprises. “Il suffit en réalité qu’un seul maillon, qu’une seule entreprise, de la longue chaîne complexe de la production jusqu’à la distribution soit affectée pour toute la chaîne le soit”.
En l’absence de tout accord, les entreprises belges pourraient demain se voir imposer des barrières tarifaires et non tarifaires à hauteur de 1,6 milliard d’euros, selon l’étude.
Face à cette situation, il est donc particulièrement important pour elles d’aboutir à bon divorce à l’amiable avec la Grande-Bretage qui préserve l’essentiel de l’acquis du Marché unique et qui offre la meilleure sécurité juridique possible aux entreprises.
“La question n’est plus de savoir si on aura affaire à un Brexit dur ou doux, mais plutôt si l’atterrissage sera dur ou doux”, a réagi le ministre de l’Economie.
Pour éviter tout accident économique, le rapport préconise une série de mesures transitoires, ainsi que des mesures de soutien au niveau européen pour les entreprises les plus affectées, notamment via un élargissement du fonds européen d’adaptation à la mondialisation.
A côté de ces risques potentiels, la sortie britannique de l’Union offre toutefois une série d’opportunités pour la Belgique (notamment dans les secteurs financier et pharmaceutique) vu sa proximité géographique avec les centres de décision européens.
Outre un appel aux autorités belges, le rapport insiste surtout sur l’importance d’une réponse européenne adéquate au Brexit.
Il plaide ainsi pour un approfondissement du projet européen et de son Union monétaire, de sa concentration sur ses “missions essentielles”, et une meilleure communication de ses réalisations vers les entreprises et le public.
“Il est temps que l’Union européenne se réveille, qu’elle joue le rôle que les Européens attendent d’elle”, estime Paul Buyse.
Le Premier ministre Charles Michel de son côté a salué un rapport d’évaluation très précieux qui constitue, selon lui, une première parmi les pays européens, ce qui permettra à la Belgique de bien aborder les négociations à venir avec la Grande-Bretagne et ses partenaires européens.
“Il faut être lucide: les différents pays européens ont des intérêts divergents (par rapport au Brexit). Il y a un risque de négociations parallèles, ce qui constitue une menace pour la cohérence et l’union de l’Europe”, dit-il.
Si les entreprises belges entendent limiter la casse économique d’un Brexit, M. Michel a reconnu que, politiquement, la Belgique et l’Europe n’entendaient pas non plus faire de cette sortie une opération indolore, ce qui risquerait dans ce cas d’encourager d’autre(s) pays membre(s) à quitter l’UE demain.
“Ce n’est pas pas simple, mais c’est possible et c’est ce que l’on va devoir réaliser…”, a-t-il conclu.