Le bon tarif du minerval
Pour le gouvernement britannique, il est normal de faire payer des droits d’inscription de 6.000 livres (7.116 euros) car l’étudiant bénéficiera de revenus supplémentaires grâce à sa formation. Ce raisonnement n’est pas celui tenu sur le Continent.
Vue de Belgique, l’obstination du gouvernement Cameron semble singulière, pour ne pas dire déplacée. Le coût des études universitaires en Grande-Bretagne figure déjà parmi les plus chers de l’Union : les droits d’inscription s’y élèvent à 3.290 livres (3.902 euros). Le gouvernement conservateur-libéral démocrate souhaite porter le plafond à 6.000 livres (c’est-à-dire 7.116 euros), voire 9.000 livres (10.674 euros) dans certains cas, pour alléger les charges du budget public, très déficitaire.
La Belgique est aux antipodes de ces montants. Les droits d’inscription y sont plus modérés : 835 euros dans une université francophone, voire 600 euros dans les universités flamandes (pour les étudiants domiciliés en Belgique ou dans l’UE). La Communauté française a même instauré la gratuité des frais de syllabus pour les étudiants de première année.
“Enseignement-investissement” vs accessibilité
Les étudiants coûtent certes plus cher en Grande-Bretagne. Selon Eurostat, un étudiant du cycle supérieur revient en moyenne à 11.209 euros en Belgique, contre 13.016 euros en Grande-Bretagne (données 2007).
Cela n’explique toutefois pas les écarts. Des pays comme l’Allemagne, la Belgique, la France et l’Italie estiment que l’enseignement supérieur doit rester le plus accessible possible, parfois jusqu’à la gratuité (comme en Norvège). D’autres, en revanche – Grande-Bretagne, Etats-Unis, Canada et certains pays asiatiques – tiennent un autre raisonnement, celui de “l’enseignement-investissement”. Grâce à ses études, l’étudiant peut espérer de meilleurs revenus : il est donc invité à en payer une (bonne) part du coût, avec des mécanismes pour aider les moins nantis, bourse, financement, etc.
Cette logique n’est pas tout à fait absente du Continent dans les formations les plus “rentables”. Un MBA à la Solvay Brussels School (ULB) se paie 25.000 euros (en un ou deux ans). Un prix discount par rapport au MBA (en un an) de l’Insead, à Fontainebleau, facturé 52.000 euros…
Robert van Apeldoorn
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