La surveillance policière devant l’ambassade de Russie coûte des millions
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’ambassade de la Russie à Bruxelles fait l’objet d’une surveillance renforcée et d’une protection policière 24 heures sur 24. Cela coûte plus de 260.000 euros par mois.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’ambassade de la Russie à Bruxelles est surveillée H24 par la police, ressort-il d’une question parlementaire posée à la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V). Pas une mince affaire puisque l’ambassade est en réalité un gigantesque complexe s’étendant sur près de 46 000 mètres carrés. Elle est située sur un terrain boisé et vallonné rue de Fré à Uccle. Ce n’est pas qu’une ambassade, c’est presque un village. L’ensemble est composé d’un grand bâtiment, d’un immeuble d’habitation, d’une école et même de serres. Le domaine est entouré d’une clôture électrifiée de plus de 900 mètres et truffé de caméra de surveillance. Et à cette ambassade s’ajoute aussi la représentation permanente de la Russie auprès de l’Union européenne, située elle boulevard du Régent à Bruxelles.
L’ensemble de l’opération policière coûte 261 864 euros par mois. Soit 9000 euros par jour ou encore 6 240 705 euros entre mars 2022 et avril 2024.
Un nid d’espion ?
L’ambassade russe à Bruxelles est régulièrement considérée comme un véritable nid d’espion. Ainsi en 2022, 220 personnes travaillaient à l’ambassade de Russie. Et au début du conflit seul 21 personnes ont été expulsées par notre gouvernement et il s’agissait surtout de personnel technique.
Une enquête intitulée “Espiomats” et publiée par De Tijd en 2023 a ainsi révélé que pas moins de 17 antennes paraboliques se dressaient sur les toits du domaine de l’ambassade russe. Toutes ne doivent pas servir pour capter la télévision russe. Le domaine ferait aussi office de centre de communication pour les services de renseignement russes en Belgique.
Assurer la sécurité cette ambassade contre de tels coûts peut donc faire froncer quelques sourcils. Pourtant le sujet ne souffre que peu de discussions au sein des autorités. Selon Verlinden, maintenir l’ordre public et la protection des personnes font partie des missions légales des forces de police. Or cette surveillance renforcée a été ordonnée à la suite d’une analyse de la menace effectuée par l’OCAM. Le Centre national de crise a ensuite décidé qu’une surveillance policière permanente était nécessaire, pour laquelle la police fédérale peut être appelée à intervenir.
Ensuite ne pas assurer la sécurité des diplomates russes mettrait en danger nos diplomates belges en Russie. Toute action (ou inaction) en Belgique peut signifier un retour de bâton à Moscou. Tout comme couper toutes relations diplomatiques avec la Russie ne ferait qu’envenimer la situation.
Pas la seule ambassade a être sous surveillance policière
L’ambassade de Russie n’est d’ailleurs pas la seule à être gardée par la police fédérale. Les ambassades d’Israël et des États-Unis sont également sous surveillance constante. La première depuis juin 2021 et la seconde depuis septembre 2021 (quand 13 militaires américains ont été tués dans un attentat à Kaboul). Cela coûte 274.945 euros par mois et par ambassade.
De façon plus surprenante, les missions diplomatiques de l’Ukraine et de la Palestine ne bénéficient par contre pas d’une surveillance policière permanente.
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