La prime de 5.000 euros à l’achat d’une voiture électrique, une promesse difficile 
à tenir

© Getty Images

Généreuse, la ministre de la Mobilité avait promis durant trois ans une prime de 5.000 euros à l’achat d’une voiture zéro émission mais avait oublié l’intendance.

Comment peut-on se mettre dans des situations pareilles et amener un gouvernement qui gère un budget de 56 milliards à s’empoigner des semaines durant pour 20 millions d’euros ?

C’est le tour de force réussi par Lydia Peeters, ministre en charge de la Mobilité, lorsqu’elle imagina en septembre dernier d’accorder trois années durant une prime de 5.000 euros à l’achat d’une voiture entièrement électrique neuve pourvu que son prix d’achat ne dépasse pas 40.000 euros, TVA incluse. Pour les voitures d’occasion, dont la valeur catalogue n’excède pas 60.000 euros, la prime serait réduite à 3.000 euros. La mesure, pour laquelle 75 millions d’euros étaient prévus, serait dégressive de 1.000 euros par année pour les voitures neuves et de la moitié de ce montant pour les véhicules de seconde main.

Les élections approchant, l’initiative était habile mais si mal ficelée que l’effet obtenu n’a pas exactement été celui recherché. Avec 20 millions d’euros budgétés pour la première année, seuls 4.000 acheteurs d’un véhicule neuf ou 6.666 acquéreurs d’un véhicule de seconde main pouvaient être soutenus. Et ces derniers ne risquaient-ils pas d’être plus nombreux dans la mesure où les ASBL ainsi que les associations de voitures partagées figuraient également parmi les bénéficiaires et qu’en outre, les utilitaires légers d’un poids inférieur à 3,5 tonnes, affectés ou non au transport de personnes, pouvaient eux aussi entrer en considération ? S’y ajoute que les véhicules acquis à l’étranger, en France par exemple où une guerre des prix fait actuellement rage, entraient également en ligne de compte.

Si le budget initialement prévu pour 2024 ne suffit pas, il faudra suppléer.

Que faire dans ce cas ? Appliquer jusqu’à épuisement du budget le principe “premier venu, premier servi” ou raboter la prime en cours de route afin de pouvoir satisfaire tout le monde? Dans un cas comme dans l’autre, il y aura inégalité de traitement, observait le Conseil d’Etat dans un avis résolument critique qui invitait la ministre à revoir sa copie.

Plus qu’il n’en fallait pour déclencher une de ces polémiques dont les politiciens ont le secret et dans lequel le mot verkiezingsstunt (coup d’éclat électoral) revenait comme une antienne. La mesure étant d’application pour toute commande passée après le 25 septembre 2023, certains avaient déjà intégré cette prime dans leur achat et personne n’a dès lors osé décevoir l’électeur. Un compromis a finalement été forcé dans lequel seules les années 2025 et 2026 sont passées à la trappe, ce qui représente au total une “économie” de 55 millions.

Pour 2024, la prime reste maintenue et conscient d’avoir ébranlé la confiance, le gouvernement a pris soin de préciser sur le portail via lequel les demandes peuvent être introduites depuis le 12 février que cette dernière est “fixe et intangible” et que chaque demande correctement formulée sera honorée. Traduction : si le budget initialement prévu pour 2024 ne suffit pas, il faudra ­suppléer. Et pour les années ­suivantes, la patate chaude est ­refilée au prochain ­gouvernement.

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