La Guerre de Poutine : l’enquête édifiante sur le naufrage du Kremlin
Une enquête fouillée du New York Times dévoile par le menu le naufrage total de Poutine et du Kremlin en Ukraine. Edifiant.
Sous le titre de “Putin’s War” (“la Guerre de Poutine”), le New York Times revient sur ce qui a poussé Poutine à la guerre et les raisons du marasme russe en Ukraine. Derrière cette longue enquête se cachent témoignages directs et analyses de nombreux documents, parfois compromettants. Tous racontent l’une des questions centrales de la guerre en Ukraine : pourquoi la Russie a-t-elle si mal géré son invasion ?
Impréparation totale, manque de matériel, mensonges et massacre de ce qui était censé être la seconde armée la plus efficace du monde. Voici cinq points à retenir de cette enquête ultra fouillée.
Chair à canon non préparée
L’enquête révèle que de nombreux soldats russes ont servi de chair à canon. Beaucoup n’auraient même pas suivi une formation élémentaire. Certains ont été obligés de trouver le mode d’emploi de leur arme sur Wikipédia. D’autres encore ont dû demander juste avant de partir au combat comment utiliser leur arme. Le New York Times révèle aussi avoir mis la main sur l’une des cartes de l’Ukraine utilisées par les troupes russes. Celle-ci date des années 1960 et est complètement obsolète.
Les proches de Poutine comme un algorithme de réseaux sociaux
Certains des plus proches de Poutine ont alimenté sa paranoïa contre l’occident. Un peu comme le ferait la spirale de radicalisation d’un algorithme de réseaux sociaux. On ne voit plus que les choses qu’on veut voir et Poutine ne recevait plus qu’un seul son de cloche. Toujours selon l’enquête, tous, même parmi les plus proches, n’ont appris l’invasion que lorsque celle-ci avait déjà commencé.
Poutine pourrait accepter jusqu’à 300 000 soldats russes tués ou blessés
Poutine aurait avoué au Premier ministre israélien Naftali Bennett quelques jours après l’invasion que les Ukrainiens s’étaient révélés “plus coriaces qu’on ne me l’avait dit”, mais que “nous sommes un grand pays et nous avons de la patience.”
On savait que les soldats russes utilisent leurs téléphones portables pour appeler chez eux et que cela a permis aux militaires ukrainiens de les trouver et de les tuer. Ce qu’on ignorait, c’est que le relevé de ces appels a aussi démontré l’amertume de ces mêmes soldats russes envers leurs propres commandants et la lâcheté de ces derniers. Les officiers n’hésitant pas à fuir durant les bombardements. Un char russe aurait aussi volontairement tiré sur des troupes alliées. Une preuve de dissensions assassines au sein de troupes parfois hétéroclites du Kremlin.
Les oligarques piégés
Le jour de l’invasion, Poutine a tendu un piège aux magnats du monde des affaires russes en les obligeant à s’afficher avec lui à la télévision. En faisant cela, il les a, de facto, impliqués dans le conflit. Même ceux qui n’étaient pas pour cette guerre n’avaient dès lors d’autre choix que de suivre leur maître vers le désastre. La plupart de ceux qui étaient présents ont tous été frappés par les sanctions occidentales dans les mois qui ont suivi.
Masquage d’une corruption généralisée
Dans l’enquête, on apprend aussi que Sergei Khrabrykh a été chargé de masquer la corruption généralisée au sein du système russe. La mission de cet entrepreneur et un ancien capitaine de l’armée russe était d’empêcher que l’on s’aperçoive de façon trop flagrante que les fonds dépensés sans réserve pour la modernisation de l’armée s’étaient en partie évaporés dans une chaîne presque infinie de malversation.
Selon lui, un vice-ministre de la Défense l’aurait supplié de transformer une base d’entraînement de la division de chars Kantemirovskaya en une installation d’apparence moderne avant l’arrivée d’une délégation. Malgré les milliards de roubles alloués à travers les années, pratiquement aucuns travaux n’avaient été effectué dans cette base.
Il a eu un mois et un budget de 1,2 million de dollars pour transformer un camp d’entraînement délabré en un endroit présentable pour la visite d’officiels haut placés. Pour l’anecdote, et malgré le budget, il n’aura pas pu réparer les toilettes.
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