La Grèce au bord du gouffre: 48 heures de rebondissements

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Après la rupture des négociations avec ses créanciers, la Grèce risque le défaut de paiement, la faillite de son système bancaire suivi d’une sortie de la zone euro, le tant redouté ” Grexit “. Récit des derniers rebondissements de ce week-end.

Samedi 27 juin, Alexis Tsipras annonce un référendum le 5 juillet

A quelques heures d’une ultime réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles avant un possible défaut de paiement de la Grèce au FMI le 30 juin, le Premier ministre grec Alexis Tsipras s’adresse au peuple grec dans une allocution de 5 minutes sur les chaînes télévisées nationale. Il est une heure du matin en Grèce (minuit à Bruxelles), alors que tous les marchés mondiaux sont fermés pour le week-end.

Le ministre grec sort son coup de poker en annonçant vouloir soumettre à un référendum, prévu le 5 juillet, le projet de compromis élaboré avec les créanciers (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne). Le ministre déclare gravement : “Le peuple doit décider hors de tout chantage (…), le référendum aura lieu le 5 juillet.

Le ministre de la Réforme administrative Georges Katrougalos a considéré que “le référendum ne serait pas “un oui ou non” à l’euro, mais à l’accord trouvé”.

Samedi 14h00, réunion de L’Eurogroupe

La réunion de l’Eurogroupe, les ministres des Finances de la zone euro, commence dans une atmosphère lourde, plombée par l’annonce de référendum dans la nuit de Tsipras. Les ministres sont en colère. L’annonce par le Premier ministre grec Alexis Tispras de ce référendum pour que le peuple grec se prononce pour ou contre le paquet de mesures proposé par les créanciers d’Athènes a constitué une “surprise très déplaisante” pour les membres de l’Eurogroupe, comme l’indique à son arrivée le ministre finlandais des Finances Alexander Stubb.

Samedi 17 heures, la demande grecque est rejetée, tout comme Yanis Varoufakis de l’Eurogroupe

La demande grecque de prolonger d’un mois le programme d’aide, qui devait arriver à échéance le 30 juin, dans l’attente du référendum que le Premier ministre grec a annoncé pour le 5 juillet, est rejetée par les ministres des Finances de la zone euro. Au terme de cette réunion, le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem fait savoir que les ministres des Finances de la zone euro, à l’exception du Grec Yanis Varoufakis, allaient travailler à assurer la stabilité de la zone euro et la force et la crédibilité de l’euro. “Le programme expirera mardi”, a confirmé le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. La situation est inédite.

La confiance entre le gouvernement grec et ses partenaires européens semblait plus endommagée que jamais, le président de l’Eurogroupe critiquant une “façon injuste” de solliciter le peuple grec et soulignant que le Premier ministre grec avait “parlé si négativement du programme que cela constitue un gros problème”. Aucun programme d’aide ne pourra jamais être facile, a-t-il encore souligné. “La question, c’est: à qui pouvons-nous faire confiance? Avec qui travaillons-nous?

Yanis Varoufakis, défend, de son côté, la démarche de son gouvernement. “Nous avons été élus avec 36%, il nous semble normal que sur des sujets pareils, une majorité de 50% + 1 soit un minimum nécessaire”, a-t-il commenté”. “Le refus d’une extension (de l’aide) entamera certainement la crédibilité de l’Eurogroupe comme union démocratique et je crains que le préjudice ne soit permanent”.

Avant de quitter le Juste Lipse où se tient la réunion, il a encore lancé que “c’est un jour triste pour l’Europe”. La Grèce restera responsable vis-à-vis de ses créanciers et devra respecter les prochaines échéances, a encore averti le président de l’Eurogroupe.

Samedi 21 heures, “tout faire pour éviter la contagion”

La zone euro va “tout faire pour éviter tout risque de contagion” de la crise grecque, après le refus de la zone euro de prolonger le programme d’assistance financière à Athènes au-delà du 30 juin, a assuré samedi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

Dimanche 1h00, le référendum approuvé par le gouvernement grec

Le parlement grec approuve dans la nuit de samedi à dimanche le référendum proposé par le gouvernement d’Alexis Tsipras sur la dernière offre d’accord faite par les créanciers (UE, FMI) à la Grèce qui risque cependant de connaître une tempête financière avant la date de la consultation. Le référendum a été approuvé par 178 députés sur un total de 300 parlementaires.

Dimanche 14h30, la BCE maintient les prêts d’urgence

La BCE annonce qu’elle maintient les prêts d’urgence aux banques grecques à leur niveau actuel, laissant de facto la porte ouverte à une solution politique pour éviter la déroute de l’économie grecque et le “Grexit”.

Dimanche 20h00: Tsipras confirme la fermeture temporaire des banques et un contrôle des capitaux

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras annonce à la télévision la fermeture temporaire des banques grecques et l’instauration d’un contrôle des capitaux, tout en invitant la population à garder son sang-froid.

Alexis Tsipras a également annoncé avoir reformulé dimanche à l’UE et la BCE la demande de la Grèce d’une prolongation du programme d’aide. Celle-ci avait été refusée samedi par l’Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro. Cette fois, la requête a été adressée au “président du Conseil européen et aux 18 dirigeants des Etats membres de la zone euro, ainsi qu’au président de la BCE, de la Commission et du Parlement européen”.

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