La France irradie

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Retenez bien cette date, habitants de la planète et corpuscules errants de la galaxie : le 24 avril 2022, à moins que la théorie conspirationniste qui veut que la CIA projette dans le ciel des hologrammes de Jésus, Bouddha, Mahomet (et pourquoi pas Mélenchon ?) “pour manipuler les masses et aliéner les foules” n’ait un fond de vérité, nous connaîtrons le nom du nouveau Président français. C’est l’occasion de prendre régulièrement le pouls économico-politique de cette campagne pour laquelle l’actuel locataire de l’Elysée n’a toujours pas déclaré officiellement son désir de prolonger son bail (quel suspens !).

Aujourd’hui, nous allons parler centrales. Non pas syndicales, mais nucléaires.

Alors qu’en Belgique, nous n’en finissons pas de sortir du nucléaire à reculons, la France fait chauffer ses centrales. Le pays qui possède en Europe le plus grand parc nucléaire avec 56 réacteurs (enfin, en théorie, parce que EDF, le producteur national qui n’en finit pas de découvrir des pépins, prévoit l’arrêt de 17 réacteurs en mars !) compte irradier de plus belle.

Ce jeudi, le président Emmanuel Macron, visitant le site de Framatome à Belfort, a proclamé la renaissance du nucléaire français. Cocorico ! Il a annoncé la construction de six nouveaux réacteurs de nouvelle génération (des EPR2), dans un premier temps, et de huit autres ensuite. “Nous visons un début de chantier en 2028 pour une entrée en service du premier réacteur en 2035”. Macron veut aussi prolonger “au-delà de 50 ans” la vie de tous les réacteurs qui peuvent l’être. EDF est chargé de voir si c’est possible.

Et puis la France lancera aussi un appel à projet d’un milliard d’euros pour les petits réacteurs nucléaires modulaires (les SMR). Le premier prototype devrait être prêt en 2030. Quand nous l’avions rencontré, au début du mois de janvier, le patron d’EDF, Jean-Bernard Levy, nous avait dit prévoir que ces petites centrales devraient être opérationnelles aux alentours de 2035.

Emmanuel Macron est donc engagé dans la fission nucléaire. Il travaille aussi la fusion, mais dans le domaine politique. Ces derniers jours, les ralliements de candidats à son parti, La République en Marche (LRM) se multiplient. Voici trois jours, Catherine Vautrin, présidente de Reims métropole et membre du LR (Les Républicains) a rejoint les rangs LRM. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Éric Woerth, lui aussi LR, devrait également soutenir la candidature d’Emmanuel Macron (bon, d’accord, il ne l’a pas encore annoncée).

Défections aussi à gauche, où Eduardo Rihan Cypel, qui fut un temps porte-parole du PS, vient de faire allégeance à la macronie. D’autres poids lourds socialistes, comme Marisol Touraine (ex ministre), François Rebsamen (maire de Dijon) ou Claude Bartolone, qui a présidé le conseil général de la Seine Saint-Denis avant de s’asseoir sur le perchoir de l’Assemblée entre 2012 et 2017, pourraient franchir le Rubicon. Ils sont en tout cas travaillés au corps. Et ce jeudi, dans l’avion qui menait le Président à Belfort, on trouvait aussi Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de François Mitterrand et autre figure socialiste.

La politique aussi est affaire d’atomes. D’atomes crochus.

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