La Flandre estime que le Forem a opté pour la stagnation
Echanger davantage d’offres d’emploi, voilà ce qui est demandé aux services régionaux de l’emploi. L’objectif de cette demande est d’éliminer les offres d’emploi excédentaires en Flandre et les chômeurs en Wallonie. Seulement, le service wallon de l’emploi, le Forem, ne semble pas pressé d’y accéder.
La Flandre emploie 45.000 Wallons et les responsables politiques s’accordent à dire que ce chiffre doit être augmenté. La Wallonie compte 220.000 chômeurs, et il y a énormément de postes vacants en Flandre. Les services de l’emploi s’échangent des données, mais dans la pratique, on ne sait pas concrètement combien de demandeurs d’emploi wallons postulent aux offres flamandes.
Apparemment, la coopération entre les services de l’emploi pourrait être améliorée. De plus, le Forem, qui conseille les chômeurs, devrait passer à la vitesse supérieure. Le suivi, le contrôle et les sanctions à l’égard de ceux qui refusent de travailler semblent insuffisants
Trop peu de contrôles
Cette semaine, Caroline Cleppert, présidente depuis le 1er octobre de l’organisation des indépendants UCM (Union des Classes Moyennes), a donné une interview déconcertante à la chaîne d’information LN24. Elle a déclaré qu’il devient également “de plus en plus difficile pour les PME wallonnes de trouver du personnel. Les tensions sur le marché du travail sont très fortes. Or, le taux d’emploi de 65% en Wallonie n’est pas réjouissant. Et les chiffres n’évoluent pas dans le bon sens ces derniers trimestres. Bruxelles stagne et la Flandre est à 77 %. Il y a de fortes disparités. »
Caroline Cleppert accuse les services de l’emploi : “Les chômeurs de Bruxelles et de Wallonie ne sont pas assez suivis. Pendant la pandémie, il n’y a eu aucun contrôle, la dégressivité des allocations de chômage a été stoppée et les chômeurs qui refusent de chercher n’ont été ni sanctionnés ni suspendus. Bruxelles et la Wallonie n’inversent que très lentement cette approche.”
Pour faire court, le Forem doit cesser de stagner.
Le gouvernement wallon se défend
Face à ces critiques, la ministre wallonne du Travail, Christie Morreale (PS), s’est défendue : “Le taux d’emploi wallon a augmenté de 2 % au cours de cette législature et il y a 20.000 chômeurs en moins. Le problème, c’est que beaucoup de demandeurs d’emploi ont complètement disparu des radars et donc ne reçoivent plus d’offres d’emploi. »
Selon Mme Morreale, il y a également trop peu d’offres d’emploi en Wallonie, ou les candidats n’ont pas les compétences suffisantes. Sur les 40 000 postes vacants en Wallonie, 30 % exigent un diplôme universitaire. Christie Morreale : “Mais sur les 220 000 chômeurs wallons, près de la moitié n’ont pas de diplôme de l’enseignement secondaire supérieur. Pour ce groupe, il n’y a que des emplois précaires”.
En résumé, pour le ministre wallon, le problème réside dans l’état général du marché du travail en Wallonie, et non dans le fonctionnement du Forem.
Il faut cependant noter que le Ministre-président wallon Elio Du Rupo (PS) et son homologue flamand Jan Jambon (N-VA) sont parvenus à un accord fin août afin que le Forem et le VDAB collaborent davantage dans le but de promouvoir la mobilité inter-régionale des travailleurs flamands et wallons. Concrètement, la Flandre orientale et la Flandre occidentale coopéreront avec le Hainaut, le Brabant flamand avec le Brabant wallon et le Limbourg, et Anvers avec Liège.
L’apparatchik du PS doit garantir le statu quo
Reste à savoir si les gens, surtout du côté wallon, veulent y travailler et si le Forem continuera à opter pour cette stagnation. Les perspectives ne sont pas roses, et cela a beaucoup, sinon tout, à voir avec les changements à la tête du Forem. La dirigeante Marie-Kristine Vanbockestal prendra sa retraite en novembre. L’ancienne membre du cabinet du PS n’a pas fait beaucoup d’efforts ces dernières années pour faire du Forem une organisation dynamique. Logique, car l’augmentation du taux d’emploi a rarement été une priorité pour le PS.
Il y aurait trois successeurs potentiels à Mme Vanbockestal. La plus importante est Raymonde Yerna. Elle dirige actuellement le service wallon de formation IFAPME (Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et petites et moyennes entreprises), et, parmi d’autres choses, ancienne cheffe de cabinet adjointe de la ministre régionale de l’Emploi, Christie Morreale (PS). Elle a également travaillé pour le Forem dans le passé et est surtout connue comme une véritable apparatchik du PS, selon les médias francophones. Elle a travaillé dans plusieurs cabinets wallons au cours de la dernière décennie, notamment entre 2014 et 2019 avec la ministre wallonne des Travaux Eliane Tillieux (PS, aujourd’hui présidente du Parlement). “Un fidèle soldat du PS”, écrit La Libre. Comprendre donc : ce n’est pas quelqu’un qui révolutionnera le service wallon de l’emploi ou qui le poussera vers un changement de direction.
Il est intéressant de noter que le MR, présent dans le gouvernement wallon, ne propose pas de candidat. Malgré le fait que le président du parti, Georges-Louis Bouchez, s’en prend souvent au Forem qu’il considère comme pas suffisamment efficace.
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