La Fédération Wallonie-Bruxelles au bord du gouffre, les salaires des enseignants en danger

Elisabeth Degryse, Belga Image
Caroline Lallemand

La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) traverse une grave crise financière. Elisabeth Degryse, ministre-présidente, alerte: si la situation ne s’améliore pas rapidement, le paiement des salaires des enseignants pourrait, à l’avenir,  être compromis.

Avec des recettes de 13,5 milliards d’euros contre 15 milliards de dépenses, la FWB affiche un déficit de 1,5 milliard. La dette, aujourd’hui de 12,7 milliards, devrait dépasser les 21 milliards d’ici la fin de la législature, a rappelé Elisabeth Degryse dans un discours alarmant relayé par L’Echo. Cette trajectoire inquiète d’autant plus que la note de crédit de la Fédération pourrait bientôt être dégradée, à l’instar de celles de la Belgique et de Bruxelles, avec des conséquences directes sur sa capacité à emprunter.

Vers un non-paiement des salaires des fonctionnaires ?

Cette éventuelle dégradation de la note de la FWB augmenterait fortement les taux d’intérêt qu’elle doit payer sur ses emprunts, ce qui réduirait encore davantage ses marges financières, notamment pour couvrir les salaires des fonctionnaires.

Selon le discours de la ministre, le risque n’est cependant pas “à court terme”. Il devient particulièrement critique à partir de 2029 ou 2030, lorsque la Fédération Wallonie-Bruxelles devra à la fois financer son déficit courant et rembourser d’importants emprunts arrivant à échéance, contractés par le gouvernement précédent. Ce double besoin de financement pourrait dépasser 2,5 milliards d’euros, rendant la situation budgétaire extrêmement tendue.

“Un risque réel”

Le risque de ne plus pouvoir payer les agents existe bel et bien, confirme l’économiste Jean Hindricks dans L’Echo. L’expert souligne l’impact du déficit important et du poids élevé de la dette, aggravés par un financement fédéral appelé à diminuer en raison du recul démographique. « Aujourd’hui, tout peut basculer rapidement, il faut en être conscient », avertit l’expert. “Il y a déjà un effet ‘boule de neige’ quand on se finance à du 3% avec un déficit de 10%.”

Rationalisation du parc scolaire

Le montant attribué à la FWB dépend du nombre d’élèves de 6 à 17 ans inscrits dans l’enseignement obligatoire, rappelle L’Echo. Une baisse du nombre d’enfants en maternelle et dans le fondamental est déjà perceptible. Cette tendance devrait engendrer un manque à gagner de 340 millions d’euros dans les caisses de la Fédération en 2030.

Face à cette réalité, la Fédération se doit de réduire ses dépenses. Plusieurs pistes sont envisagées, notamment la lutte contre l’absentéisme, la rationalisation du parc scolaire par regroupement des établissements, et la révision de certains statuts enseignants, comme les détachements et les disponibilités avant pension (DPPR).

La masse salariale reste toutefois le poste le plus important. Une partie des salaires est actuellement financée à crédit, ce qui est insoutenable à terme. Un comité d’experts a été constitué pour étudier, cet été, des mesures d’économies à inclure dans le budget 2026. La tâche s’annonce difficile. Le comité devra prendre en compte la question sensible des salaires des enseignants et de leur indexation.

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