Lire la chronique d' Amid Faljaoui

La crédulité des amateurs de Bitcoin et le renard dans le poulailler

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Pour mon anniversaire, j’ai pris le parti, une fois n’est pas coutume, de vous parler de l’économie comme je la vois. Plus positive qu’on nous la présente habituellement.

Prenons le cas des Etats-Unis. Le fait de ne pas avoir un raz-de-marée des Républicains est en soi une bonne chose, car la bipolarisation des Américains entre camps non pas rivaux, mais carrément haineux n’est pas une bonne chose pour la démocratie. C’est également bon pour l’économie qui a besoin de stabilité et non pas de coups de boutoir, une fois à gauche et une fois à droite. Que constate-t-on quand on lit la presse américaine, et en particulier les commentaires les plus avisés ? Ce sont les femmes qui ont sauvé ces élections des extrêmes. Elles se sont mobilisées comme jamais, notamment face au danger que courait le droit à l’avortement dans la première démocratie du monde.

Grâce aux femmes, Joe Biden a pu se présenter en position de force à Bali face au président chinois. Après avoir parlé à deux pendant 3 heures, les deux plus puissants dirigeants du monde ont tracé les lignes rouges que l’autre dirigeant ne peut pas franchir. Ce dialogue en direct est une excellente nouvelle pour le monde, il fallait absolument que cette rivalité entre les deux géants ne vire pas au conflit. L’intérêt de la Chine n’est pas que le monde vire au chaos, elle a trop besoin de la mondialisation pour nourrir ses 1.5 milliard d’habitants. Le président chinois l’a répété hier à Bali : “la Chine et les Etats-Unis partagent plus et non moins, d’intérêts communs “. C’est clair, non ?

Cela laisse espérer une année 2023 moins conflictuelle sur le plan économique. C’est un dégel important même si à long terme le match du siècle va continuer pour savoir qui de la Chine ou des Etats-Unis va prendre le leadership mondial. Au même moment, les amateurs de Bitcoins, et Dieu sait si j’en connais, découvrent le prix de leur crédulité. Il leur suffit de lire l’enquête du magazine américain Fortune pour découvrir que le patron de FTX, vous savez, c’est cette plateforme d’échange de Bitcoin qui a fait une faillite fracassante ce weekend, était une idole qui ne valait pas la peine d’être adorée. Ce brillant mathématicien dénommé simplement SBF, l’acronyme de son véritable nom Sam Bankman-Fried, jouait par exemple aux jeux vidéo pendant les appels de ses investisseurs. C’est l’une des nombreuses anecdotes savoureuses que l’on peut lire dans cette enquête de Fortune. Il a aujourd’hui perdu toute sa fortune alors qu’il espérait accumuler 5.000 milliards de dollars pour les donner aux pauvres comme il le clamait sur tous les toits. C’est d’ailleurs avec ce genre de propos qu’il s’est bâti une image de Greta Thunberg de la Silicon Valley. En fait, le seul service qu’il aura rendu à la planète, c’est de montrer le manque de discernement chez les investisseurs. Une étude de la BRI, datée de ce 14 novembre, montre que 73 à 81% des acheteurs de Bitcoin ont perdu de l’argent. Et devinez quoi, sur la base de cette étude, on découvre que ces acheteurs de Bitcoin téléchargeaient les applications de cryptoactifs au fur et à mesure que le cours du Bitcoin montait. C’est ce qu’on appelle la cupidité.

J’ai souvent eu droit à des discours me montrant que la finance décentralisée était l’avenir de notre civilisation. Que cette révolution de soi-disant cryptomonnaies allait révolutionner le monde de la finance. Au final, c’est plus plat que ça. On découvre que le patron de la plus grande plate-forme d’échange de cryptomonnaie a en réalité détourné l’argent de ses clients pour faire n’importe quoi. Comme dirait un ami, “ce mec est né avant la honte”. Pour le reste, la finance décentralisée, c’est la liberté. Mais la liberté, ce n’est pas le droit pour “le renard d’entrer et de saccager le poulailler”. En résumé, merci aux femmes américaines, et merci au patron de FTX qui a rappelé aux investisseurs de ne jamais croire ce qu’ils voient. Après tout, même le sel ressemble au sucre !

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