François Hollande a assuré lundi que la Banque centrale européenne allait jeudi “prendre la décision de racheter des dettes souveraines”, une initiative pouvant bénéficier à la croissance selon lui. Seulement voilà, le président français n’était pas censé annoncer une telle mesure, en tout cas, pas de sitôt.
“La Banque centrale européenne va prendre jeudi la décision de racheter des dettes souveraines, ce qui va donner des liquidités importantes à l’économie européenne et (…) peut créer un mouvement favorable à la croissance“, a déclaré le président lors de ses voeux aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi en France.
Cette petite phrase n’est pas passée inaperçue car le Président français n’était en réalité pas censé dévoiler ce lundi ce qu’envisage de faire la BCE jeudi. Même si pour les spécialistes, l’annonce d’un rachat massif de dette publique par la BCE est une affaire entendue (objet de spéculations depuis des mois, elle apparaît à certains économistes comme le dernier rempart contre la déflation et le dernier recours pour faire repartir les prix et l’économie), plusieurs voix s’élèvent contre cette annonce anticipée de François Hollande qui va à l’encontre de l’indépendance de la BCE.
L’économiste Marc Touati a été l’un des premiers à réagir sur Twitter, relève le Huffington Post:
Des journalistes basés à Bruxelles se disent “indignés” par cette annonce surprenante:
Encore une bonne occasion pour François Hollande de se faire également épingler par l’opposition:
Qu’on la voit comme un couac de communication, la divulgation d’une information confidentielle, voire, plus grave, comme un délit d’initié pour la Bourse,…cette bourde n’aura en réalité pas de conséquence directe sur les marchés.
Comme l’explique le Huffington Post, la décision de la part de la BCE était depuis plusieurs jours attendue et quasiment entérinée, elle est déjà inscrite dans les cours. Après la déclaration de Hollande, la parité euro-dollar n’a pas bondi tout comme le CAC 40 qui n’a guère réagi après la petite phrase du président. Cela aurait été totalement différent s’il avait annoncé les montants que compte investir la BCE. 500 milliards d’euros sont avancés, mais cela reste au conditionnel.
Du côté de la BCE, personne n’a désiré commenter les propos du président français. On martèle qu’aucune prise de parole officielle n’est prévue avant la conférence de presse de jeudi. Mais à en croire ce journaliste, ils ne sautent pas vraiment de joie…