La Belgique recule dans le classement mondial de la corruption (infographie)

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La Belgique a reculé de six places dans le classement mondial de la corruption établi par l’ONG Transparency International. Elle se situe désormais en 22ᵉ position, ce qui est toujours mieux que la France.

Chaque année, Transparency International (TI) évalue la perception de la corruption dans le secteur public à travers le monde. Son classement, l’Indice de Perception de la Corruption (CPI), est une synthèse de treize enquêtes et évaluations réalisées notamment par la Banque mondiale, l’OCDE et le Conseil de l’Europe. Ce classement couvre 180 pays et territoires, évalués en fonction des niveaux de corruption perçus dans le secteur public. Les résultats sont présentés sur une échelle de 0 (très corrompu) à 100 (très transparent).

Une perception de la corruption

Comme indiqué, il s’agit ici d’une perception de la corruption et non d’un recensement basé sur un comptage d’actes concrets de corruption, tels que des condamnations judiciaires, par exemple. Ces dernières ne représentent souvent que la partie émergée de l’iceberg et ne permettent pas de mesurer précisément l’ampleur réelle du phénomène. La corruption étant par nature dissimulée, les chiffres concrets restent flous et ne permettent pas d’obtenir une image fidèle de la situation.

L’ONG allemande définit elle-même la corruption comme « l’abus d’un pouvoir confié à des fins d’enrichissement personnel » et rappelle que « la corruption érode la confiance, affaiblit la démocratie, freine le développement économique et aggrave encore les inégalités, la pauvreté, les divisions sociales et la crise environnementale ».

Un recul inquiétant pour la Belgique

Le Danemark occupe la première place du classement avec un score de 90. La Belgique, quant à elle, se classe en 22ᵉ position, soit une chute de six places par rapport à 2023. En 2024, le pays a obtenu un score de 69. Ce score place la Belgique derrière les Pays-Bas, l’Allemagne et le Luxembourg, mais juste devant la France et l’Autriche.

Cette baisse est d’autant plus préoccupante qu’il s’agit de la deuxième année consécutive où la Belgique enregistre une forte diminution de son score. Il était de 73 en 2023 et même de 77 il y a dix ans.

Un climat de défiance croissant

Ce mauvais score est dû au fait que de nombreux citoyens belges estiment que les responsables politiques et les fonctionnaires impliqués dans des affaires de corruption échappent trop facilement aux sanctions. Cette impression a été renforcée par le traitement de dossiers sensibles tels que les affaires Nethys, Sky ECC ou encore le Qatargate. Cette détérioration de la perception de l’intégrité publique était donc déjà perceptible avant l’éclatement de l’affaire Didier Reynders ou la révélation des irrégularités au CPAS d’Anderlecht.

Le rapport met également en lumière des préoccupations concernant la gestion des fonds publics pour expliquer cette perception négative. Beaucoup craignent que trop de marchés et de travaux publics soient attribués en fonction d’intérêts particuliers plutôt que sur des critères objectifs. D’autres inquiétudes portent sur le manque de transparence dans le financement des partis politiques en Belgique et les lacunes dans la réglementation des activités de lobbying. À ce jour, il n’existe en effet toujours pas de registre national des lobbies.

Un manque de volonté politique

Ce dernier rapport illustre clairement la perte de confiance des citoyens dans leurs institutions. Pourtant, l’accord de l’Arizona – qui définit les priorités du nouveau gouvernement – ne prévoit presque aucune mesure pour lutter contre la corruption. Un signal politique préoccupant, alors que, comme le rappelle Transparency International, sans intégrité et transparence, aucun État de droit ne peut exister. Deux notions également essentielles au bon fonctionnement d’une économie robuste et équitable.

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