Belfius, BNP Paribas: la Belgique prépare la vente de ses “bijoux de famille” pour financer la Défense

En marge de l’annonce des excellents résultats de Belfius en 2024, Marc Raisière a évoqué une privatisation partielle de son institution et le souhait de s’internationaliser d’ici à 2030. © ANP / Peter Hilz
Caroline Lallemand

En toute discrétion, le gouvernement belge prépare la vente de ses participations publiques stratégiques, ses « bijoux de famille », pour financer la modernisation de l’armée. BNP Paribas et Belfius seraient au cœur du projet, qui pourrait rapporter près de 4 milliards d’euros.

La Belgique envisage bien de vendre des participations publiques majeures pour financer la modernisation de son armée. Selon des sources citées par De Morgen, un plan provisoire est actuellement en préparation en coulisses. Il prévoit de lever environ 4 milliards d’euros. Comme déjà évoqué plusieurs fois par le passé, il s’agirait principalement de la vente de la part restante de l’État belge dans BNP Paribas (5 %). Cette dernière pourrait rapporter au moins 4 milliards d’euros. Étant donné que BNP Paribas est cotée en bourse, aucun commentaire n’est sorti à ce sujet, car toute annonce pourrait influencer le cours de l’action. Befius, la banque détenue par l’Etat, est également considérée comme une candidate potentielle, avec des discussions en cours sur la vente de 20 % de ses actions.  

3 milliards alloués au budget militaire

Une partie de ces fonds – 3 milliards – serait allouée au budget militaire, et le reste à un nouveau fonds de défense pour investir dans l’industrie belge. En revanche, céder les participations dans Proximus, Bpost, Umicore et Elia semble moins évident. Les actions de ces quatre entreprises sont cotées à un niveau bas, et certaines, comme le fournisseur de télécom Proximus ou le gestionnaire du réseau haute tension Elia, sont jugées stratégiquement importantes pour l’État.

Le ministre des Finances, Jan Jambon (N-VA), planche actuellement sur ce plan, en toute discrétion. « Le ministre Jambon a maintenant pour mission de préparer l’ensemble de l’opération », indique une source au Morgen. Car, l’opération est délicate et réfléchie. Dans un discours prononcé en avril dernier à l’occasion de la grand-messe annuelle de la fédération bancaire (Febelfin), Jan Jambon avait encore répété qu’il n’était pas favorable à la vente de certains “bijoux de famille”, surtout si celle-ci intervient dans la précipitation et si elles sont stratégiques. “Vendre des actifs est la manière la plus facile de trouver des milliards rapidement. Mais il faut le faire de manière réfléchie et uniquement pour des actifs non stratégiques”, avait-t-il plaidé sans préciser ce que cela sous-entendait alors qu’il était question de Belfius, de BNP Paribas, mais aussi d’Ethias, de Proximus ou encore, de bpost.

Un rapprochement Ethias-Belfius?

La nouvelle coalition wallonne a inscrit dans son accord de gouvernement une vente de sa participation dans Ethias. Dans une interview la semaine dernière dans nos colonnes, le patron d’Ethias, Philippe Lallemand, a balayé les spéculations sur un rapprochement de l’assureur avec Belfius. “Le sujet revient régulièrement, presque comme un marronnier. On commente, on écrit des articles, mais au fond, il n’y a rien de concret. Ce sont des rumeurs qui reviennent chaque année”, commente-t-il.

Des opérations « one shot »

Ces ventes dans les participations de l’Etat soulèvent des questions sur la durabilité du financement de la Défense, car elle représente une mesure ponctuelle et non une source de revenus récurrents. Ces opérations ‘one shot’ ne bénéficieraient en effet pas longtemps et pas directement à l’assainissement de nos finances publiques. Le gouvernement devra trouver d’autres moyens pour soutenir le budget militaire à long terme. La décision finale devrait être prise en octobre, lors de la préparation du budget.

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