La Banque centrale russe va jeter une corde de secours au rouble

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Il y avait urgence : face à la chute du rouble, au plus bas depuis mars 2022 dans la foulée de l’assaut du Kremlin contre l’Ukraine, la Banque centrale russe a annoncé la tenue mardi d’une réunion surprise sur le taux directeur.

“Le mardi 15 août 2023, une réunion du Conseil d’administration de la Banque de Russie se tiendra pour examiner la question du niveau des taux directeurs”, a indiqué lundi la BCR dans un communiqué.

Une annonce sera faite dans la foulée, à 10H30 heures locales (07H30 GMT), a-t-elle précisé.

Une des causes principales de la chute de la monnaie est l’état du commerce extérieur. La Russie souffre notamment de la baisse considérable des revenus liés à la vente de ses hydrocarbures, sous l’effet des sanctions et de la volonté des Européens de sortir de leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.

Le communiqué de la BCR a quelque peu rassuré les marchés, le rouble rebondissant en fin de journée.

A la Bourse de Moscou, en fin d’après-midi, il fallait ainsi débourser 98 roubles pour obtenir un dollar et 107 roubles pour un euro, après que les taux de 100 et 110 ont été dépassés respectivement dans la matinée.

Si les dirigeants de la BCR martelaient encore ces derniers jours qu’ils n’avaient pas prévu de relever le taux directeur principal, malgré l’affaiblissement de la monnaie nationale et le retour de l’inflation, ils semblent prêts à changer d’avis.

La BCR, dont la prochaine réunion sur les taux était normalement prévue mi-septembre, va ainsi intervenir. Si elle se résout à une hausse, il s’agirait de la deuxième hausse du taux directeur en moins d’un mois.

Elle avait en effet déjà relevé son taux principal de 7,5% à 8,5% le 21 juillet dernier, une première depuis février 2022.

“Ça fait peur !”

L’affaiblissement continu ces dernières semaines du rouble fait craindre à de nombreux Russes un affaiblissement de leur niveau de vie, sur fond de retour de l’inflation (+4,3% sur un an en juillet), des sanctions occidentales et du coût financier croissant du conflit ukrainien.

“Les prix montent et ça fait peur !”, déplore auprès de l’AFP Maxime Efremov, un jeune moscovite de 23 ans.

“Tout va augmenter maintenant, des transports aux prix alimentaires. Bien sûr, nous, les citoyens ‘lambda’, allons être particulièrement impactés”, estime également Viktor Rybakov, un homme de 61 ans qui travaille dans le secteur médical.

Pas de quoi toutefois inquiéter Lioudmila Lebedeva, une retraitée de 74 ans.

Selon elle, “ces gros problèmes” rencontrés par l’économie russe sont une étape nécessaire avant de retrouver la grandeur de la Russie: “Tout ce qui se passe aujourd’hui, c’est pour le renouveau de la Russie”, dit-elle croire à l’AFP.

Les retraités ont pourtant vu l’an passé leur pouvoir d’achat largement miné par une inflation très élevée — à plus de 17% au printemps dernier -, après des années marquées par la pandémie de Covid qui avait tué plusieurs centaines de milliers de personnes dans le pays.

“Les gens ont compris que rien ne sera plus comme avant. (…) Mais tout s’arrangera avec le temps”, pense également Anna Rebrova, une responsable en relations publiques de 33 ans.

Pour faire face à la situation qui se dégradait rapidement, la BCR avait également annoncé la semaine dernière la suspension jusqu’à la fin de l’année de ses achats de devises étrangères sur le marché national des changes.

L’affaiblissement du rouble permet toutefois à l’État russe de renflouer ses caisses, car pour chaque dollar ou euro acquis actuellement, le gouvernement dispose de facto de plus de roubles pour couvrir ses dépenses, en forte hausse du fait du conflit en Ukraine.

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