Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Joe Biden: Make Taliban Great Again
Le départ de la honte de l’Afghanistan nous montre une fois de plus que l’économie et la géopolitique sont intimement liées.
Dans le cas de l’Afghanistan, je pourrai résumer l’histoire en disant que c’est un chiffre, une farce, une menace et je l’espère un espoir.
Le chiffre : c’est 1000 milliards de dollars, le coût de cette guerre inutile puisqu’on est revenu au point de départ… Le chiffre de 1000 milliards a été évoqué par Joe Biden lui-même, mais en réalité, d’autres calculs montrent que cette guerre a coûté au minimum le double. Pour une fois qu’un politicien donne un chiffre, il le minimise, c’est un comble !
Et après le coût réel, il y a la farce. La farce, c’est voir Donald Trump demander la démission de Joe Biden alors que c’est lui qui a signé l’accord de départ avec les Talibans. Pour être honnête, Obama, qui plait tant aux intellectuels européens, souhaitait lui aussi quitter ce bourbier qu’est l’Afghanistan.
Quant à la menace, elle est claire : comme l’écrit Le Figaro, “nous sommes les voisins du désastre : ce sont les Américains qui jouent, mais ce sont les Européens qui paient les dettes de jeu”. Difficile de mieux résumer la situation. Là encore, l’économie va rejoindre la géopolitique, car l’un des dangers de cette main mise par les Talibans, c’est la possible exportation massive du pavot vers le consommateur européen. En effet, avec un PIB de 500 dollars par habitant, l’Afghanistan est l’un des pays les plus pauvres au monde. L’économie de ce pays repose quasi uniquement sur l’agriculture et la culture de la drogue, donc du pavot. Autrement dit, l’Occident a laissé les Talibans, et le crime organisé, mettre la main sur le principal producteur d’opium au monde.
L’autre menace, les médias en ont parlé, c’est la pression migratoire. Les images de Kaboul ont rappelé aux dirigeants européens les années 2015-2016. Souvenez-vous, à l’époque 2,6 millions de Syriens et d’Irakiens ont cherché un refuge en Europe. Ici la Commission européenne estimait, avant la chute de Kaboul, à un demi-million le nombre d’Afghans qui fuiraient vers l’Europe. La Grèce a déjà dit qu’elle ne serait pas la porte d’entrée de ces flots de réfugiés.
Et c’est là, où l’on en vient à l’espoir. Que nous raconte cette triste histoire de Kaboul ? Que les Etats-Unis ont beau dire “America is Back”, aujourd’hui, c’est plutôt “Make Taliban Great Again”… Autrement dit, ce qui intéresse les Etats-Unis, ce n’est pas de perdre de l’argent en Afghanistan mais de contrer la montée en puissance économique de la Chine. En d’autres mots, les Etats-Unis ne se battent pas, ou plus, pour leurs valeurs, mais pour leurs intérêts. Donc, au milieu de ces deux superpuissances (Chine et Etats-Unis), l’Europe doit faire face (seule) à un Moyen Orient et une Méditerranée traversés par des déséquilibres politiques, religieux, démographiques et climatique à très haut risque.
L’espoir il est simple : quand les Etats-Unis se désengagent, nous n’avons d’autres choix que de nous unir, de parler d’une seule voix. Merci qui ? Merci Joe et merci Donald !
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