Immigration: l’Europe se referme, alors qu’elle devrait s’ouvrir intelligemment
La montée des extrêmes induit une réaction de repli à travers le Pacte européen et l’accord controversé en France. Pourtant, notre Vieux continent mériterait un pilotage plus subtil.
Partout en Europe, les sondages annnoncent une progression des partis d’extrême droite en vue des élections pour le parlement européen du 9 juin prochain. En Belgique, le Vlaams Belang est appelé à devenir le premier parti de Flandre, lors du scrutin législatif organisé à la même date. En France, le Rassemblement national de Marine Le Pen surclasse tout le monde et rêve à l’Elysée en vue de 2027.
Comme pour signifier aux électeurs que le message est entendu, l’immigration devient LE sujet en cette fin d’année. Mais la façon dont la thématique est abordée est explosive et potentiellement contreproductive.
Un Pacte européen limité
Le Pacte européen sur l’asile et la migration a enfin été adopté après des années de galère: il prévoit notamment un filtrage accru des demandes d’asile et une accélération des retours – du moins en théorie. Il génére également une solidarité obligatoire entre les Etats membres, dont le principe reste limité.
Mais cet accord est à la moitiée du chemin: il continue à présenter la migration comme un problème, tout en étant insuffisant pour bon nombre de partis de droite. La N-VA n’avait-elle pas quitté le gouvernement belge lors de la négociation du texte? Plusieurs Etats européens n’ont-il pas décidé d’installer ledit filtrage… dans des pays à l’extérieur de l’Union européenne?
Pour Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, cet “accord historique” est sans doute le plus important de son mandat. Mais les critiques affluent déjà. La N-VA affirme qu’il ne s’agit “pas d’un changement de paradigme” et la droite dure réclame une extrernalisation du problème. Tandis que la gauche estime que cela “viole les droits fondamentaux”. Le continent est déchiré. Pas sûr que les électeurs européens y retrouvent la sagesse du centre.
La France en pleine crise
En France, le psychodrame divise la classe politique depuis des semaines et le président Emmanuel Macron fait face à la crise politique la plus grave depuis son arrivée. Plus grave que celle causée par la réforme des pensions car, cette fois, son propre groupe parlementaire est en voie d’éclatement. Le Rassemblement national de Marine Le Pen revendique “une victoire idéologique” et, si Renaissance s’en défend, la perception de l’opinion publique est sans doute celle-là, surtout face à une gauche qui se radicalise de plus en plus – avec des relents communautaristes à peine masqués.
Renaissance, le parti présidentiel, et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, insistent sur le fait que l’accord contient la régularisation de milliers d’étrangers qui travaillent en France. Mais la tonalité générale est bien celle du “bouclier qui nous manquait”, pour citer le président Emmanuel Macron.
La classe politique ne sort pas grandie de cet épisode où un premier texte a fait l’objet d’une motion de rejet de la part de l’opposition, avant des négociations au forceps, jusqu’à la demande d’avis déposée par le président lui-même auprès de la Cour Constitutionnelle en espérant que certains articles controversés passeront à la trappe.
A quand un récit porteur?
Le plus dramatique dans cette séquence, c’est le sentiment d’avoir une classe politique ne cessant de réagir face à la menace populiste, incapable de délivrer son propre discours.
Pourtant… l’Europe est un vieux continent, confronté à des enjeux majeurs en terme de pénuries d’emplois ou de vieillissement de la population. Une immigration choisie, économiquement orientée, est indispensable. Pourquoi ne pas proposer une vision pédagogique susceptible de le faire comprendre? Le vrai problème n’est d’ailleurs pas l’immigration, mais bien… l’intégration et l’échec de notre modèle dans ce domaine. En d’autres termes, la perte d’attractivité du rêve européen.
La preuve par l’absurde, c’est que lorsque l’extrême droite arrive au pouvoir comme c’est le cas de Girorgia Meloni en Italie, elle est contrainte de faire appel aux travailleurs étrangers pour soutenir ses besoins économiques. Et si l’on allait plutôt dans ce sens, le projet porteur en plus?
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