“Il n’y a pas une entité centrale capable de définir un intérêt commun wallon”
Jean-Yves Huwart est critique au sujet du plan de relance wallon. “C’est ce que j’appelle la technique de la commande de pizzas : tout le monde se sert selon ses besoins, sans synergie ou articulation.” CEO de Nearworking, il explique son nouveau business.
Jean-Yves Huwart, CEO de Nearworking, est l’invité de notre Trends Talk hebdomadaire, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. Mais cet ancien journaliste de Trends Tendances est également “lanceur d’alerte” wallon. Auteur de deux livres sur le déclin wallon il met le doigt là où cela fait mal.
Le redressement wallon est-il enfin sur les rails avec le gouvernement Di Rupo et son plan de relance ? Y’a-t-il une dynamique qui lui parle ? “Hélas pas assez. J’ai écrit mon premier livre sur le second déclin de la Wallonie en 2007. On revenait toujours avec le déclin de l’industrie lourde, mais le second déclin, à mon sens, c’est de n’avoir rien fait des outils dont on a disposé après la régionalisation. On a continué à faire ce qu’on appelle le gaufrier : au lieu de partager les moyens, on a continué à raisonner en Brabançons, Liégeois, Carolos…” Un sous-régionalisme coupable.
Un problème de gouvernance
“Il n’y a pas eu de prise en main de la part d’un entité centrale capable de définir un intérêt commun wallon sur lequel tout le monde allait se rallier, un peu comme une équipe de foot où l’intérêt collectif passe avant celui des joueurs., souligne encore Jean-Yves Huwart. Cela n’existait pas en 1980, cela n’existe toujours pas aujourd’hui.“
Elio Di Rupo (PS), ministre-président wallon, n’essaie-t-il pas de mettre cela en oeuvre ? “Oui, mais il est là depuis trente ans. Il y a un manque énorme de renouvellement politique. Ce manque d’intérêt général, on l’a encore vu dans la façon dont a été conçu le plan de relance. C’est ce que j’appelle la technique de la commande de pizzas : tout le monde se sert selon ses besoins, sans synergie ou articulation.”
Le problème de fond, souligne-t-il, est celui du mode de gouvernance. Après les scandales Publifin ou de la Carolo, on le voit encore avec la faillite de la société Hamon et le rôle joué par la Sogepa. Davantage d’éléments dans notre Trends Talk.
Une plateforme géolocalisée
Actif dans le domaine du Coworking depuis douze ans, à la tête de l’événement CoWorking Europe, Jean-Yves Huwart souligne par ailleurs combien la crise du Covid a impacté le secteur, sans nécessairement un soutien comparable à d’autres secteurs plus structurés, comme l’Horeca. “Il y a maintenant un redémarrage très rapide, dit-il. Avec tout un champ de possibles qui s’ouvre.”
Le télétravail a déferlé. C’est l’une des raisons pour laquelle il repense son métier avec l’initiative Nearworking. “C’est une plateforme géolocalisée, explique-t-il. Cela part du constat que l’offre de coworking se développe très fort – on a aujourd’hui des licornes dans le domaine – mais la plupart des espaces qui fonctionnent très bien se trouvent dans les centres-villes. Cela veut dire que toute une partie du territoire n’est pas couverte, ou seulement grâce à des aides publiques et pas toujours avec le niveau de service nécessaire.”
Nearworking veut toucher, potentiellement, tous les employés grâce au développement du télétravail. L’objectif de cette initiative visa à fédérer des lieux comme des musées, des restaurants pendant les heures creuses, des hôtels, des bâtiments publics, des entreprises partiellement inoccupées… Les entreprises peuvent disposer d’un abonnement avec des crédits prépayés pour permettre à leurs travailleurs de s’installer là pour y travailler. Son CEO explique les avantages de cette formule dans notre Trends Talk.
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