De 835 à 1.194 euros : la moitié des étudiants seront concernés par la hausse du minerval

Elisabeth Degryse, ministre-présidente de la FWB
Baptiste Lambert

La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a présenté les résultats de son conclave budgétaire. L’objectif : stabiliser le déficit à 1,2 milliard d’euros à l’horizon 2029. Si l’enseignement est une fois de plus mis à contribution, le gouvernement jure qu’il n’y aura « ni austérité, ni perte de pouvoir d’achat » pour les enseignants. Par contre, le gel de l’indexation du minerval va sauter.

« Ce n’est pas un budget d’austérité », a martelé la ministre-présidente Élisabeth Degryse (Les Engagés). La FWB prévoit 500 millions d’euros d’économies structurelles d’ici 2029, compensées par 200 millions d’euros de réinvestissements dans des politiques nouvelles.

Le cap est fixé : stabiliser le déficit à 1,2 milliard d’euros tout en préservant les missions fondamentales de la Fédération.

Mais l’effort sera collectif. « Chaque secteur doit faire sa part », insiste Degryse, qui préfère parler de « décisions justes et équilibrées » plutôt que de coupes budgétaires. Reste que certains arbitrages risquent de provoquer des remous, notamment dans l’enseignement.

LIRE AUSSI | Selon un Comité d’experts, réduire le déficit de la FWB est une nécessité “urgente” et “absolue”

Enseignement supérieur : la fin du gel du minerval

Mesure emblématique : la fin du gel du minerval, resté inchangé depuis 2011. Une indexation de 43 % était jusqu’ici suspendue. Dès septembre 2026, un système à quatre tranches entrera en vigueur, en fonction des revenus.

  • Les étudiants boursiers resteront exonérés.
  • Le tarif de 364 euros pour les étudiants à revenu modeste sera maintenu et élargi.
  • Le minerval intermédiaire de 835 euros reste inchangé.
  • Mais pour les plus aisés, il grimpera jusqu’à 1.194 euros, soit le tarif appliqué en Flandre.

Environ la moitié des étudiants seraient concernés, selon la ministre. En contrepartie, les frais complémentaires imposés par certaines hautes écoles seront supprimés, ce qui représente 10,8 millions d’euros d’économies dès 2026.

Autre réforme majeure : l’introduction du Droit individuel aux études supérieures (DIA), inspiré du modèle de l’UCLouvain. Il sera appliqué en 2027 pour assurer un financement plus équitable entre étudiants belges et européens.

Enseignement obligatoire : les salaires épargnés, les structures rationalisées

Au niveau de l’Enseignement obligatoire, la ministre Valérie Glatigny (MR), met en avant une approche pragmatique : « Nous ne touchons ni aux salaires, ni à l’indexation. » Sur un budget global de 15 milliards d’euros, dont 80 % sont consacrés aux salaires, ce n’est pas rien, même si les économies visées atteignent 86,7 millions d’euros en 2026.

1. Carrières et conditions de travail

Le temps de travail est harmonisé à 22 périodes par semaine dans le secondaire, sauf pour les débutants et les enseignants de plus de 60 ans. Ce qui veut dire toutefois que les enseignants du secondaire supérieur devront travailler deux heures de plus.

Les nouveaux enseignants diplômés bénéficieront d’une revalorisation de 5 %, et les directions d’école verront leur statut amélioré. Les maîtres de stage seront désormais rémunérés.

Par contre, le régime de maladie est raboté et aligné sur la fonction publique, avec 60 % du traitement après épuisement du crédit maladie, et trois jours d’absence sans certificat maximum par an.

La valorisation du « barème 501 » (masterisation) sera supprimée pour les nouveaux entrants. En contrepartie, dès 2027, les jeunes enseignants obtiendront un CDI avec charge complète et un allégement de deux périodes en début et fin de carrière.

2. Une “gratuité ajustée”

Les mécanismes de gratuité pour les fournitures scolaires et repas seront revus. Une partie sera intégrée aux allocations de fonctionnement, générant une économie marginale.

Les moyens de fonctionnement ne seront pas indexés en 2026, et les cellules d’accompagnement des réseaux verront leur budget réduit de 30 %.

Enfin, les emplois hors cadre (« dérogations extra-légales ») seront supprimés.

3. Soutien ciblé aux élèves

Pour compenser, la FWB annonce 220 nouveaux équivalents temps plein dans les troisième et quatrième primaires afin d’accompagner les élèves en difficulté.

Les CPMS verront aussi leurs effectifs renforcés, tandis qu’une réforme de l’orientation dans l’enseignement spécialisé est prévue.

Une trajectoire sous surveillance

Le gouvernement de la FWB se veut rassurant : pas de saut d’index, pas de baisse de salaire, mais un recentrage budgétaire pour dégager 100 millions d’euros d’économies dans l’enseignement dès 2026.

Un équilibre fragile. Le rapport du Comité d’experts plaidait pour des mesures plus dures. Le gouvernement dit en avoir écarté « la majorité », alors qu’un contre-rapport jugeait déjà les efforts « largement insuffisants ».

Le message politique, lui, reste clair : tenir le cap budgétaire, sans casser la confiance du monde enseignant. Pas sûr que le gouvernement soit entendu.

LIRE AUSSI | Un contre-rapport explosif: des économies scolaires plus fortes s’imposent, d’autant qu’une… pénurie d’élèves menace

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire