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Guerre en Ukraine: une surprise et un paradoxe

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

La guerre en Ukraine n’occupe plus autant les plateaux télévisés qu’il y a quelques jours. Normal, l’ogre médiatique doit se nourrir à chaque instant de chair fraiche et le renouvellement constant des sujets reste la clé de son modèle économique pour maintenir notre attention dans cette économie nommée à juste titre “économie de l’attention”.

C’est pourtant à ce moment qu’on commence à avoir un peu de recul sur le drame humain qui se joue aux confins de l’Europe. Raison pour laquelle, je vais vous parler d’une surprise et d’un grand paradoxe. La surprise, c’est que Poutine doit râler fort dans son palais présidentiel : il constate chaque jour que son armée n’est pas aussi forte qu’il l’imaginait. Et comme le disait Michel Goya, ancien colonel français de la marine : “la guerre est un révélateur. C’est comme si vous preniez deux équipes de football qui n’ont pas joué l’une contre l’autre depuis des années. Il est difficile de faire des pronostics. Et on a souvent des surprises”. Ca, c’est pour la surprise révélée par la guerre en Ukraine.

Cette horrible guerre a aussi servi à révéler un paradoxe. Souvenez-vous, avec la crise du COVID, nous avions découvert que ce qui a sauvé notre économie, c’est le numérique. Sans le numérique, pas possible de travailler à la maison ou de faire ses courses on line. Le covid a donc servi de formidable accélérateur de la numérisation de notre économie. N’importe quel petit commerce a compris qu’il fallait se digitaliser pour ne pas perdre des clients et donc du chiffre d’affaires.

Avec cette guerre en Ukraine, nous avons également découvert que nous autres européens étions extrêmement dépendants sur le plan énergétique. Et que fait-on depuis quelques semaines ? C’est simple, on se démène pour se rendre indépendant au plus vite du gaz et du pétrole russe. D’abord, en liant des contacts avec des pays que nous jugions infréquentables hier encore comme l’Iran, le Venezuela ou même le Qatar. Voir un ministre allemand d’obédience ECOLO aller quémander du gaz au Qatar, c’est en soi un aveu d’échec. Vous me direz que c’est momentané. Juste le temps que notre transition écologique soit mise en place. Il faudra 15 ans pour assurer cette transition, mais après ça, on sera enfin indépendants de ces dictatures et de ces énergies fossiles. Désolé, mais je vous invite à lire une enquête du magazine The Economist, sans doute le meilleur magazine d’information au monde. Que dit cette enquête ? Que cette transition écologique devra se faire avec des matières premières comme le cobalt, le cuivre, le lithium, le nickel, l’argent, le zinc et l’aluminium. Des matières premières qu’on retrouve souvent en Chine et dans d’autres pays comme le Brésil, la Russie, le Congo, le Pérou, le Chili, l’Indonésie. Bref, des pays qui ne sont pas tous des modèles de vertu démocratique.

En résumé, le magazine The Economist nous dit que pour acheter notre indépendance énergétique, nous allons à nouveau être dépendants de pays peu recommandables. Comment dit-on “l’histoire se répète” en russe ?

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