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Grèce: ‘A-t-on vraiment évité le pire ?’
L’accord sur la Grèce de ce lundi a permis, dit-on, d’éviter le pire, à savoir une sortie de la Grèce de la zone euro. Pourtant, à la lecture du texte, on reste circonspect. Car, objectivement, on ne sait toujours pas si les Européens veulent la Grèce dans la zone euro ou en dehors.
Certes, les “éléments de langage” européens prétendent que désormais, nous avons une base (étroite) pour commencer à négocier un troisième plan d’aide avec la Grèce et que cet accord vaut mieux que pas d’accord du tout.
Mais en est-on vraiment certain ?
Les conditions qui ont été posées à court, moyen et long terme à la Grèce paraissent à ce point difficiles à atteindre – et, si elles sont atteintes, à ce point dommageables à la croissance – que l’on se demande si le sommet de lundi n’a finalement trouvé une manière hypocrite de dire non à la Grèce. Même si, dans l’accord, on trouve à la dernière page une note plus positive émanant de la Commission qui débloquerait 35 milliards d’euros des programmes européens pour soutenir le redéveloppement de l’économie.
Il aurait fallu un véritable accord demandant aux Grecs de prendre leur responsabilité en adultes et aux Européens de régler le problème d’endettement en économistes (à savoir, comme l’ont fait les Américains en 2008: restructurer les dettes, et s’attaquer au redémarrage de la croissance). Mais comme l’Europe en paraît incapable, on en vient à se demander, comme Luc Coene, si un Grexit n’aurait pas constitué un meilleur choix. Les Grecs auraient certes connu des prochains mois catastrophiques, mais ils auraient pu ensuite repartir d’un bon pied.
Ne valait-il pas mieux, à la fois pour le contribuable européen et le citoyen grec, assurer un Grexit dans les meilleures (moins pires) conditions possible ?
Deux éléments le font penser. Le premier est que l’accord prévoit que si la Grèce ne parvient pas à dégager un surplus primaire conséquent (3% en 2017, 3,5% à partir de 2018), elle devra automatiquement réduire ses dépenses. Elle devra dès lors prendre des mesures à nouveau “récessives”, qui plongeront à nouveau le pays dans une spirale négative (récession, donc augmentation du ratio d’endettement, donc obligation de prendre de nouvelles mesures d’austérité, donc nouvelle récession). Objectivement, il y a très peu de chance que le pays parvienne à tenir un tel rythme, avec une économie aussi fragile.
Le second, c’est ce fameux fonds qui accueillerait les actifs destinés à être privatisés. Il doit permettre de dégager 50 milliards d’euros (un objectif voulu par l’Allemagne), somme qui, pour les trois quarts, devrait servir à rembourser les créanciers. Une analyse à tête reposée ne permet pas de voir où l’on trouvera ces 50 milliards, même si l’on fait pleurer les oliviers. Jusqu’à présent, les privatisations ont permis de dégager 7 milliards, et le FMI estime que l’on peut compter au maximum sur 3 milliards dans les trois années à venir. Certes, il ne s’agit pas de tout vendre tout de suite. Mais même dans cinq ou dix ans, même si les banques sont alors assainies, même si l’on vend aux Chinois l’entièreté du port du Pirée, on ne peut espérer récolter au maximum que 15 ou 20 milliards, un tiers de la somme prévue.
Alors, si ces deux objectifs, pourtant déclarés comme indispensables préalables à toutes négociations, sont à ce point hypothétiques, on est en droit de se poser cette question: ne valait-il pas mieux, à la fois pour le contribuable européen et le citoyen grec, assurer un Grexit dans les meilleures (moins pires) conditions possibles, plutôt que de remettre à nouveau à plat le dossier grec dans six mois ?
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