François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France : « Nous sommes très proches du point haut des taux d’intérêt »

François Villeroy de Galhau
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. © Belga
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’est exprimé ce vendredi à l’occasion d’une rencontre organisée par l’Ajef (association des journalistes financiers). A cette occasion, il n’a pas donné d’indication sur ce qui devrait sortir de la prochaine réunion des gouverneurs de la BCE, le 14 septembre. Mais il a fait part de trois « convictions ».

La première est que nous sommes « proches voire très proches du point haut de nos taux d’intérêt ». La seconde est que « nous sommes par contre encore loin du moment où nous pourrions envisager de les baisser ». Et la troisième est que « nous allons ramener l’inflation à 2% d’ici 2025 ».

Pas de récession

“Sur la conjoncture, observe le gouverneur de la Banque de France, nous avons en France à coup sûr un ralentissement, mais à coup sûr pas de récession. Notre enquête de conjoncture du 11 août confirme qu’entre deux « R », c’est le « R » de ralentissement qui s’impose, pas celui de récession. Et l’Insee (l’institut français de statistiques, NDLR) a confirmé hier jeudi la bonne surprise de la croissance française au deuxième trimestre, à +0,5%. Nous reverrons donc un peu à la hausse notre prévision de croissance pour 2023, qui est actuellement à + 0,7 %.”

“Si on regarde le reste de la zone euro, et particulièrement l’Allemagne, l’économie française est aujourd’hui plus résiliente que la plupart de ses voisins”, se réjouit-il.

Inflation : la tendance est en train de se retourner

Sur l’inflation, les chiffres publiés jeudi sont en trompe-l’œil, poursuit François Villeroy de Galhau : « si l’on regarde les chiffres harmonisés (IPCH) qui permettent la comparaison avec l’ensemble de la zone euro, il y a augmentation de l’inflation totale en France (de 5,1 à 5,7 %, en glissement annuel), mais entièrement due à l’énergie, du fait notamment du relèvement de 10 % des tarifs de l’électricité au premier août. Un ajustement nécessaire, car nous l’avons dit depuis longtemps, le bouclier énergétique était utile s’il était temporaire, mais il ne peut pas être durable, pour des raisons de finances publiques et de vérité des prix de l’énergie. Sur la zone euro, ajoute-t-il, l’inflation s’est stabilisée, à 5,3% après trois la composante de l’inflation énergétique reste négative à -3,3% ».

« Mais, poursuit le gouverneur de la Banque de France, il y a de meilleures nouvelles sur l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation), qui est l’indicateur le plus pertinent : en France, cette inflation sous-jacente a baissé de 4,3 % à environ 4 %, et en zone euro, elle a baissé de 5,5 % à 5,3 % ».

Taux : la durée, plus que le niveau

« Cela veut probablement dire quelque chose de très important, poursuit-il : après avoir passé le point haut de l’inflation totale, la zone euro comme la France ont passé depuis avril le point haut de l’inflation sous-jacente, qui semble donc amorcer son retournement. Ce signe encourageant est encore loin d’être suffisant : nous devons et nous allons ramener l’inflation vers 2 % d’ici 2025 ». Et François Villeroy de Galhau ajoute : « C’est non seulement une prévision, mais un engagement. »

« Sur la politique monétaire, conclut le patron de la Banque de France, je ne vais pas vous surprendre : je ne me prononcerai pas aujourd’hui, sur ce que nous devons décider le 14 septembre (lors du prochain conseil des gouverneurs de la BCE, NDLR). Nos options sont ouvertes, à ce conseil comme aux suivants. Mais je dirai deux convictions : nous sommes proches, ou très proches, du point haut des taux d’intérêt ; nous sommes par contre encore loin du moment où nous pourrions envisager de les baisser. Autrement dit, la durée compte maintenant plus que le niveau ».

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