Vous reprendrez bien un petit coup d’acide trifluoroacétique?

L’acide trifluoroacétique, ce polluant éternel est omniprésent dans les bouteilles de vin produites en Europe et, un vin autrichien excepté, l’échantillon le plus contaminé vient de Flandre !
Si les vins vieux n’en contiennent pas, toutes les productions récentes sont touchées et depuis 2010, la contamination tend à devenir exponentielle, commente Pesticide Action Network (PAN), au terme d’une analyse portant sur 49 vins européens issus de 10 pays différents. En cause, l’acide trifluoroacétique (TFA), issu de la dégradation de pesticides fluorés utilisés en agriculture – c’est la raison pour laquelle on le retrouve également, mais à des concentrations moindres, dans les eaux potables.
Avec 320 microgrammes par litre, un Gemischter Satz viennois – cuvée issue de différents cépages cultivés dans un même vignoble – bat tous les records. Son suivant immédiat (310 ųg/l) est un pinot originaire de Flandre-Occidentale. Très populaire dans le nord du pays, ce cépage y couvre quelque 120 hectares, le double de la Wallonie. Concernant cette dernière, un chardonnay originaire du Hainaut a également été testé mais il ne contenait que 120 ųg/l, soit 10 microgrammes de plus que la médiane.
Depuis 2010, la contamination tend à devenir exponentielle.
Des viticulteurs pas assurés
Venant après une année 2024 calamiteuse, ces révélations font mal. Dès le printemps, humidité prolongée et gelées nocturnes se sont en effet liguées pour entraver le développement de nos vignes dont la production a pratiquement été amputée de deux tiers (64%) et en Flandre, seuls trois viticulteurs sur 199 étaient assurés contre ce type de risque. Toutes les régions du pays n’ayant pas été également touchées, il en est résulté une inversion des rapports de production. En 2024, les viticulteurs flamands ont produit 672.171 litres, soit 21% de plus que leurs homologues wallons, qui se sont limités à 553.576 litres.
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Si la Wallonie produit aujourd’hui davantage de vins mousseux, avec pour terre d’élection le Hainaut, le pionnier de la méthode champenoise dans notre pays est toutefois d’origine flamande. Après avoir vendu au groupe Vandemoortele son entreprise productrice de moutardes et de sauces, Paul Vleminckx s’est lancé en 1994 dans la production de vin mousseux, avec le chardonnay Meerdael, produit dans les environs de Louvain par 60.000 pieds de vigne.
Un autre industriel séduit par le vin est Urbain Vandeurzen qui en 2012 cède son entreprise, LMS International, spécialisée en logiciels industriels, au géant allemand Siemens. Son vignoble se trouve à Lubbeek en Brabant flamand.
La Flandre a également précédé la Wallonie en matière d’appellation contrôlée avec Hageland (1997), un triangle formé par les villes de Louvain, Aarschot et Tirlemont ou encore, Haspengouw (Hesbaye 2000). En Wallonie, les Coteaux de Sambre et Meuse, qui couvrent 27 vignobles, datent de 2004.
Même confronté aux actuelles difficultés, le vin reste pour la Flandre un secteur d’avenir. Au Limbourg, qui est déjà la province la plus productrice de la Région, plusieurs producteurs de pommes ou de poires, agacés par la concurrence croissante en provenance des pays de l’Est, envisagent de se convertir à la production de vin.
Guillaume Capron
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