Un immobilisme qui coûte cher à l’église catholique

© getty images

Depuis la diffusion par la VRT du documentaire “Godvergeten” (Oublié(s) de Dieu), consacré aux abus sexuels dans l’Eglise catholique, de plus en plus de voix s’élèvent en Flandre pour réclamer une révision à la baisse de son financement.

La Flandre ne parle plus que de cela. Une véritable déferlante de laquelle n’a pas été longue à émerger l’idée de transformer l’indignation actuelle, profonde et réelle, en sanction financière. “On ne va quand même pas continuer à donner de l’argent à une institution qui refuse de corriger de manière structurelle ce genre de déviance!”, vient ainsi de demander Hannelore Goeman, députée de Vooruit, au Parlement flamand.

Les faits, en réalité fort anciens, n’ont été révélés qu’en 2010 lorsque le neveu de Roger Vangheluwe, l’évêque de Bruges alors extrêmement populaire, ose enfin parler des abus sexuels dont il a été victime de la part de son oncle durant des années. Dans son sillage, d’autres victimes prennent alors la parole, et Nonkel Roger est invité à quitter son siège épiscopal.

Depuis, plus grand-chose n’avait bougé. Mais le feu couvait sous la cendre et l’émission de la VRT l’a transformé en incendie d’autant plus vivace qu’entre-temps, les mentalités ont évolué. Plusieurs milliers de catholiques ont demandé à être débaptisés. Et l’Eglise, qui considère ce sacrement comme indélébile, devra incessamment se justifier pour en avoir masqué – au lieu de radier – les noms sur les registres paroissiaux. Dans la foulée, la question de savoir si ces registres paroissiaux (il n’existe pas de registre national) relèvent ou non du RGPD sera aussi posée.

Précompte immobilier

Tout aussi compliquée est la question du financement. Si le traitement des ministres du culte est pris en charge par le SPF Justice, celui des professeurs de religion (191 millions d’euros pour l’année scolaire 2021-2022) est en revanche assuré par la Région flamande.

Jusqu’ici, les villes et communes devaient, par décret, combler le déficit des fabriques d’église. Mais cela pourrait changer.

De leur côté, villes et communes doivent, par décret, combler le déficit des fabriques d’église. Au nombre de 1.571 en 2021, ces dernières ont engrangé en moyenne 45.000 euros, dont 21.000 euros en recettes propres et 23.000 euros en subsides. Une situation malsaine, selon le ministre des Affaires intérieures Bart Somers (Open Vld), qui estime que dans la mesure où l’intervention des pouvoirs locaux étant obligatoire, il n’y a aucun incitant à la rationalisation. D’où sa proposition de laisser désormais les communes libres d’intervenir ou non dans le déficit d’exploitation des fabriques d’église actives sur leur territoire.

Patrimonialement, celles-ci ne sont pas vraiment dans le besoin, leurs liquidités et placements dépassant largement leur endettement. Autre levier sur lequel la Flandre peut agir: le précompte immobilier dont sont exonérés tous les édifices religieux quel que soit leur culte, de même au demeurant que les écoles et les hôpitaux. Même si aucun chiffre précis n’existe en la matière, son introduction devrait rapporter près de 10 millions d’euros. Le ministre a par ailleurs commandé l’an dernier auprès de l’Université d’Anvers une étude sur la modernisation du décret de 2004, relatif à l’organisation matérielle et au fonctionnement des cultes reconnus et dont les conclusions devraient être connues l’année prochaine.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content