Remous hospitaliers en Flandre

LE NOUVEAU GROUPE formera le plus grand ­hôpital du pays. © BELGA

Sept radiologues écartés d’un coup ! L’entièreté du service d’un hôpital flambant neuf. Plus qu’il n’en faut pour alimenter, sur les bords de l’Escaut, le moulin aux rumeurs.

Ziekenhuis aan het Stroom (ZAS) – L’hôpital au fil de l’eau –, tel est le nom du groupe hospitalier anversois dont la naissance devait être officialisée en janvier dernier, puis en avril et le sera, sans doute, le mois prochain. Ce sera, avec plus d’un milliard de chiffre d’affaires, 3.300 lits et 10.000 collaborateurs, parmi lesquels 1.000 médecins, le plus grand hôpital du pays.

Une histoire qui commence en 2016 lorsque deux institutions locales décident de coopérer. Les Sœurs des Hôpitaux Gasthuiszusters, tout d’abord, présentes dans la cité scaldéenne depuis 1238 et dont les établissements ont été, au début de ce siècle, regroupés au sein d’une seule ASBL : GZA. Divers hôpitaux gérés par les CPAS ensuite, fusionnés et autonomisés en 2004 au sein de Ziekenhuis Netwerk Antwerpen (ZNA) afin d’en limiter les pertes.

En 2016, les deux groupes décident de coopérer de manière structurelle, ce qui s’est notamment traduit deux ans plus tard par la création d’un laboratoire commun de pathologie anatomique. D’autres synergies suivront, si bien qu’en 2022, les deux partenaires annoncent leur fusion. Au sein de ce groupe en devenir a été inauguré en septembre dernier ZNA Cadix, 65.000 m², considéré comme un des hôpitaux les plus modernes de la ville, dont toute l’équipe de radiologie vient d’être suspendue suite aux résultats d’une enquête interne.

L’événement, sans précédent, fait les délices de la presse flamande qui multiplie les récits liés à une lecture incomplète ou insuffisamment précise des images obtenues mais suscite néanmoins quelques interrogations, à commencer par celle de l’adaptation des médecins à de nouveaux appareillages ultra-performants et plus encore, celle du timing. Ces révélations surviennent en effet quelques jours avant que les médecins des deux groupes ne soient appelés à se prononcer sur les conditions financières de la fusion.

L’événement, sans précédent, fait les délices de la presse ­flamande.

Trop tard pour reculer ?

Aux différences issues de l’histoire de chaque établissement s’ajoutent en effet celles liées au statut de celui-ci – privé (GZA) ou public (ZNA) – et l’expérience montre qu’en cas de fusion, les directions ont tendance à privilégier le tarif qui leur est le plus favorable. Certains y trouveront leur compte, d’autres pas, tels les radiologues qui figurent, après les néphrologues, parmi les spécialistes les mieux payés de Flandre. Au sein de ZNA, tous les médecins sont conventionnés, sauf les radiologues qui ne le sont pas pour la patientèle ambulatoire.

Bref, au problème technique, pourrait s’en ajouter un autre, d’argent. “Si les médecins n’acceptent pas le règlement financier proposé, la fusion capotera”, pronostique, dans Het Nieuwsblad, Wouter Bernaerts de l’ACV, le syndicat chrétien.

Mais n’est-il pas trop tard pour reculer ? De la pharmacie à la livraison par drones, les deux groupes possèdent déjà tellement de services communs, sans parler de la migration vers un dossier médical unique des données de 1,6 million de patients, la plus grande opération de ce type, jamais menée en ­Belgique.

Guillaume Capron

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