L’Open Vld se cherche un nouveau président en terrain miné
Le parti libéral flamand sort d’une défaite cinglante. Mais il ne faudrait pas boire le calice jusqu’à la lie : l’Open Vld reste le deuxième parti flamand qui compte le plus de bourgmestres. Les libéraux doivent se trouver un nouveau capitaine avant les élections communales. Après cette échéance, tout restera à faire : l’Open Vld devra montrer qu’il peut encore séduire. Dans un contexte tout sauf favorable.
Ils sont huit candidats à la présidence du parti. Les élections auront lieu entre le 12 et le 17 août, mais si aucun candidat ne dispose de majorité absolue, un second tour aura lieu le 19 août. Ces résultats seront ensuite annoncés le 24 août.
De l’avis de l’éditorialiste politique du quotidien le plus lu du pays, Isolde Van den Eynde, de HLN, “celui qui deviendra président de l’Open Vld sera celui ou celle qui pourra le plus s’opposer à la tête actuelle du parti”. À savoir le duo sortant Tom Ongena – Alexander De Croo, largement responsable de la défaite de leur formation, en juin dernier.
Les candidats
À cet égard, la candidate Eva De Bleeker, débarquée par De Croo pour en avoir trop dit sur les chiffres budgétaires de la Vivaldi, a de bonnes chances. “J’ai lancé un plan, ‘Retour aux sources’, a indiqué l’ex-secrétaire d’État. Je suis heureuse d’apprendre que tout le monde souhaite désormais revenir à l’essentiel. J’ai montré par le passé que je m’en tenais à mes principes”, a-t-elle ajouté dans un récent débat à Ardooie, près de Roulers. Ce serait une sacrée revanche pour elle.
Un outsider fait de plus en plus parler de lui. Il s’agit Vincent Verbeecke, qui n’est autre que l’ancien porte-parole de Gwendolyn Rutten. Le problème est que l’ancienne présidente de l’Open Vld a fait beaucoup parler d’elle négativement ces derniers jours, en annonçant son retrait du gouvernement flamand pour défendre sa place de Bourgmestre d’Aerschot. Celle qui disait, il y a quelques mois à peine, vouloir en finir avec la politique, n’a visiblement pas oublié les bons vieux réflexes.
Mais Vincent Verbeecke vient de recevoir le soutien de trois personnalités du parti : le président des Jeunes libéraux, celui du syndicat libéral et le président de Liberales, un think tank flamand lié à l’Open Vld. Bon, ce ne sont pas des barons du parti, mais c’est peut-être une bonne chose. Détail croustillant, Vincent Verbeecke a dû montrer qu’il n’était plus à la botte de son ancienne patronne, lors du débat. L’expression choisie a toutefois fait beaucoup parler : “Als een vis rot, rot hij eerst aan de kop.” Quand un poisson pourrit, il pourrit la tête en premier. “C’est pourquoi un changement culturel est nécessaire”, a lancé Verbeecke.
Parmi les autres candidats, on retrouve Frédéric De Gucht, le fils de Karel De Gucht, ancien ministre des Affaires étrangères, le député flamand Maurits Vande Reyde, l’entrepreneuse Tineke Van hooland, et les inconnus Stefaan Nuytten, Bert Schelfhout et Maxime Natus.
Le chemin de croix
La différence idéologique entre les 8 candidats ne saute pas aux yeux. Tous veulent marquer un tournant, en revenant aux sources, donc : un parti libéral en faveur de la liberté d’entreprendre et du progrès économique. La ligne adoptée par Alexander De Croo – celui d’un libéralisme social et cosmopolitique – a conduit à la défaite électorale. Tous veulent s’en détacher. Mais cette ligne n’a disparu pour autant du parti. Le prochain président devra trouver un juste milieu avec une ligne plus bleue foncée, économiquement et socialement, comme Georges-Louis Bouchez a pu la représenter, au sud du pays.
Georges-Louis Bouchez. Parlons-en, justement. Il est l’un des grands vainqueurs des élections et n’hésite pas à répéter dans la presse comment l’Open Vld devrait se comporter et changer son fusil d’épaule. Comment il devrait faire comme le MR pour de nouveau séduire. Le président libéral parle souvent d’un grand parti libéral, transversal, par-delà la frontière linguistique, bien que la concrétisation d’un tel projet reste très évasive.
Mais le plus gros problème de l’Open Vld, durant les 5 prochaines années, c’est son rôle dans l’opposition. Une opposition choisie par le précédent duo régnant. Un lourd héritage. Car comment s’opposer, quand vous avez un parti libéral, l’un des grands gagnants des élections, à tous les niveaux de pouvoir ? Comment l’Open Vld pourra-t-il critiquer les décisions de la N-VA, tout en épargnant le MR ? Au niveau flamand, ils trouveront un moyen, mais comment mener une opposition au niveau fédéral, qui plus est dans un gouvernement de centre-droit ?
Alexia Bertrand, ce matin, dans Le Soir, en a livré un petit échantillon. En rapprochant aux nationalistes de vouloir imposer un tas de nouvelles taxes, tout en espérant que le MR s’y opposerait. “Le MR pourra compter sur l’Open VLD depuis l’opposition pour soutenir les mesures que nous avons portées ensemble en campagne électorale, et pour dénoncer ce qui ne sera pas mis en œuvre dans l’intérêt du pays”, a-t-elle conclu, plutôt magnanime. Pas certain que ça dure. Après tout, lors de précédente législature, Georges-Louis Bouchez ne s’est jamais gêné pour tacler la Vivaldi, au grand dam d’Alexander De Croo.
À moins qu’une ultime option soit activée : se remettre au centre du jeu. En se proposant comme alternative à Vooruit, par exemple, au sein du gouvernement fédéral. Ce sera sans doute l’un des premiers grands choix du nouveau ou de la nouvelle président(e) de l’Open Vld.
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