La Flandre, far west européen du football
Voilà un moment déjà que notre football professionnel est devenu terrain de jeu pour milliardaires issus de tous les continents. Toutefois, le marché étant limité, ils commencent à jeter leur dévolu sur les clubs amateurs.
Avec la reprise au cours de l’été de l’Eendracht Alost par un groupe d’investisseurs turcs, c’est un sixième club amateur de Flandre qui est passé sous contrôle étranger. Trois semaines plus tard, commençait le grand chambardement avec, notamment, l’arrivée de six joueurs étrangers, tous d’anciens professionnels. D’où la publication par Het Laatse Nieuws d’une série intitulée SOS amateurclubs. Nombre d’entre eux rencontrent en effet de sérieux problèmes financiers et leur passage en mains étrangères peut être chahuté.
Par exemple, en 10 ans, Patro Eisden aura connu quatre propriétaires: un Chinois, un Iranien et deux Américains. Le dernier en date, The Common Group, est une société d’investissement new-yorkaise active dans le sport, les soins de santé ainsi que l’accompagnement de start-up.
A quoi bon encore investir dans un club local si c’est pour voir des étrangers rafler la mise?
A quoi bon encore investir dans un club de football local si c’est pour voir des étrangers rafler la mise? “Aux Pays-Bas, il n’y a pas d’investisseurs étrangers dans le football amateur. En Allemagne, la règle vaut même pour le football professionnel. Chez nous, par contre, c’est le far west”, s’insurge le député régional Open Vld Maurits Vande Reyde.
Consciente du problème, la Flandre s’est efforcée de maintenir l’ancrage local des clubs amateurs en imposant la domiciliation en Belgique de deux tiers au moins des dirigeants ou de trois quarts des participants à l’assemblée générale. Ces personnes physiques devront en outre être affiliées à Voetbal Vlaanderen et s’engager à en respecter le code éthique. “Dans la pratique, ces règles sont contournées. Il suffit d’un homme de paille”, rétorque l’élu, tout aussi critique envers la nouvelle réglementation imposée en matière de rémunération qui est entrée en vigueur le 1er juillet et que Ben Weyts, ministre des Sports, n’hésite pas à qualifier d’historique. Les payements en cash sont désormais bannis et les primes ne peuvent excéder 100 euros par point gagné, avec un maximum de 4.500 euros par saison. Le tout étant, pour les clubs, exonéré de cotisations sociales.
Risque de discrimination
A titre de comparaison, aux Pays-Bas, un footballeur amateur ne peut plus percevoir depuis la saison 2022-2023, outre une indemnité de volontaire limitée à 1.900 euros par an, d’autre indemnité que la couverture de ses frais réels. En Flandre, tout payement effectué par des tiers est désormais interdit. Le contrat de chaque joueur devra être enregistré et chaque club devra rentrer un budget au plus tard le 28 février 2024. Une cellule encore à constituer au sein du Vlaamse Voetbalbond contrôlera l’un et l’autre.
Pas vraiment rasséréné par ces nouvelles règles, l’élu Open Vld vient de demander au Parlement flamand, réuni en commission, l’interdiction de toute prise de contrôle d’un club amateur par un investisseur étranger. Invoquant le principe de non-discrimination, le ministre Ben Weys doute sérieusement de la faisabilité de la chose et, pragmatique, préfère attendre le résultat des mesures qui viennent à peine d’entrer en application.
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