La Flandre au secours de Fort Boyard

Conçu comme un vaisseau de guerre, Fort Boyard est magique mais fragile. À l’avant, face au large, son bouclier de protection a depuis longtemps disparu, tout comme à l’arrière, son havre d’accostage. Et pour ne rien arranger, la risberme – un talus de protection – aménagé à sa base n’est plus que souvenir © Getty Images/Photononstop RF

Maquette en 3D et fausses vagues: à Ostende, les scientifiques cherchent comment sauver des eaux Fort Boyard, ce merveilleux mais vétuste décor de jeux télévisés.

Un retour aux sources en quelque sorte. En 1962, un dentiste belge qui réside à Avoriaz achète pour une croûte de pain un fort construit au 19e siècle sur un banc de sable cartographié pour la première fois par des Hollandais et dont l’appellation (banjaert) donnera au fil du temps, par déformation Boyard.

L’ennemi étant à l’époque britannique, il a pour mission de bloquer le passage entre les îles d’Aix et d’Oléron. Sa construction, une des plus coûteuses du siècle, est toutefois plus lente que les progrès de l’artillerie, de sorte qu’une fois achevé, ce fort se révèle totalement inutile ! Brièvement transformé en prison au lendemain de la Commune, l’édifice est progressivement abandonné et finalement mis aux enchères.

Pour 28.000 nouveaux francs français (l’équivalent de 4.300 euros sans tenir compte de l’inflation), Eric Aerts l’emporte mais ne peut guère jouir de son bien, tant les conditions d’accès y sont difficiles. Pourtant, des caméras s’y installent et dans Les Aventuriers (1966), Alain Delon y meurt dans les bras de Lino Ventura. Un quart de siècle plus tard, la télévision prend la relève. Le producteur Jacques Antoine rachète le fort pour 1,5 million de francs et subtilement, le cède pour un franc symbolique au Conseil général de Charente Maritime à condition que ce dernier prenne en charge les travaux de restauration, d’accessibilité et d’entretien du fort.

Directement attaqué par la houle et régulièrement inondé, le fort se fissure et menace une nouvelle fois de tomber en ruine !

Un site très fragile

Les Clés de Fort Boyard, immédiatement relayés en Flandre (De Sleutels van Fort Boyard) par ce qui était à l’époque la BRT, peuvent démarrer. Trente-cinq ans plus tard, ce qui est devenu entretemps une émission-culte, fait toujours vibrer des millions de téléspectateurs dans divers pays. Mais pour combien de temps encore ?

Conçu comme un vaisseau de guerre, l’endroit est magique mais fragile. À l’avant, face au large, son bouclier de protection a depuis longtemps disparu, tout comme à l’arrière, son havre d’accostage. Et pour ne rien arranger, la risberme – un talus de protection – aménagé à sa base n’est plus que souvenir. Directement attaqué par la houle et régulièrement inondé, le fort se fissure et menace une nouvelle fois de tomber en ruine ! Dans un premier temps, la risberme sera restaurée. L’éperon ainsi que le havre d’accostage seront tous deux préfabriqués et ensuite immergés in situ. Ces travaux pharaoniques, estimés à 44 millions d’euros seront menés avec toutes les ressources de la science moderne.

D’où l’appel à l’Université de Gand, qui exploite dans le parc scientifique d’Ostende un bassin côtier et océanique (COB) de 900 m2 dans lequel peuvent être simulés tous les types de vagues, toutes les forces ou vitesses de courant et toutes les tempêtes, même les plus extrêmes.

Un modèle réduit d’environ deux mètres réalisé grâce à une imprimante 3D y sera immergé afin de déterminer les paramètres de protection nécessaires. Récemment inauguré, le nouveau casino de Middelkerke a fait l’objet de tests similaires et est aujourd’hui, selon ses promoteurs, “l’endroit le mieux protégé de la côte”. Voilà qui devrait rassurer les visiteurs autorisés dès 2028 à visiter ce lieu mythique.

Guillaume Capron

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