Zones inondables: faut-il un cadastre des seuils de porte ?

Quelque 86.000 logements se trouveraient en danger si la Flandre connaissait un épisode pluvieux aussi intense que celui a ravagé la région de Valence récemment. (Photo by Charles M. Vella/SOPA Images/LightRocket via Getty Images) © SOPA Images/LightRocket via Getty Images
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Enregistrer, dans les zones inondables, la hauteur des pas de porte permettrait à chaque occupant de réagir de manière adéquate en fonction des montées d’eau annoncées.

Les pluies diluviennes qui viennent de ravager l’Espagne ont une nouvelle fois rappelé à la Flandre que son territoire était loin d’être immunisé contre les débordements du ciel. Avec une même quantité d’eau déversée sur son territoire, quelque 86.000 logements se trouveraient en danger, selon Jo Brouns, nouveau ministre de l’Environnement. D’où le cri d’alarme lancé par divers experts face au rabotage des crédits prévus dans le cadre du Blue Deal. Initié en 2020 et décliné à travers divers projets, ce programme poursuit un double objectif : lutter contre la sécheresse d’une part, les inondations d’autre part, deux problèmes qui appellent en réalité les mêmes solutions.

Longtemps, la Flandre a cherché à évacuer son eau le plus rapidement possible, empêchant par la même occasion une alimentation correcte des nappes phréatiques. Puis, le changement climatique aidant, elle a cherché à réparer cette erreur historique par une utilisation plus “intelligente” de l’eau via la création – ou la restauration – de zones humides et une désimperméabilisation de son sol. Entre 100 et 120 millions d’euros y étaient annuellement consacrés sous la précédente législature. C’était le Blue Deal. Lancé en 2020, ce programme comportait quelque 400 projets financés au rythme de 100 à 120 millions d’euros par an. Cet élan se trouve aujourd’hui brisé net. Pour chacune des deux prochaines années, le nouveau gouvernement ne prévoit que 14 millions d’euros dans ce cadre avant de remonter en puissance avec 227 millions inscrits pour les années 2027 à 2029.

Aucune région n’est à l’abri

Mais selon les experts, il y a urgence. Déluge, trombe d’eau ou tempête, aucune région n’est à l’abri, alors pourquoi marquer une pause alors que, pour la première fois de son histoire, la Flandre est parvenue à freiner l’imperméabilisation de son sol ? Actuellement, 208.430 hectares, soit 310 mètre carrés par habitant, y empêchent toute infiltration naturelle d’eau. Privés, industriels ou publics, tous les espaces sont concernés ; 27% de la surface des jardins de Flandre est imperméable ; 40.000 hectares de terrains industriels peuvent parfaitement être aménagés sans troubler l’activité du site ; près de 20.000 km de routes pourraient sans dommage être désasphaltés ou débétonnés ; les parkings, qui représentent 0,8% de la surface de la Flandre, pourraient être aménagés en hauteur ou en profondeur, etc. La Flandre possède certes avec Waterinfo, un modèle prévisionnel d’inondation performant, accessible à tous et actualisé en permanence. Mais ce n’est pas suffisant.

Avec la même quantité d’eau déversée sur le territoire flamand, quelque 86.000 logements se trouveraient en danger.

Tirant les leçons de ce qui vient de se passer en Espagne, des riverains de la Lys, regroupés au sein de l’ASBL Leie Omgeving Beschermen invitent les communes de Gand, Deinze et Laethem-Saint-Martin à recenser la hauteur des pas de porte de toutes les habitations situées sur leurs territoires respectifs afin que les occupants sachent quand ils doivent réagir, voire à imposer une hauteur minimale pour ceux-ci.

Guillaume Capron

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