En Flandre, on pense à libéraliser le contrôle technique automobile

Inspection automobile Un audit assez ravageur a montré combien le système actuel s’est fossilisé au fil des ans. © BelgaImage

Exaspérée par le nombre croissant de plaintes, la ministre flamande de la Mobilité veut mettre fin dès cette année au monopole dont jouissent les entreprises de contrôle technique.

Tous les manuels d’économie sont d’accord là-dessus: monopole et soin du client font rarement bon ménage. En matière de contrôle automobile, cette évidence se vérifie quotidiennement avec des temps d’attente interminables ainsi qu’une sévérité dont le caractère jugé excessif est rendu plus insupportable encore par toute absence d’explications.

En Flandre, 43 stations, gérées par une demi-douzaine d’entreprises, contrôlent annuellement quelque 3 millions de véhicules, parmi lesquels 500.000 sont invités à revenir pour des défauts mineurs. Certes, il existe également 21 lignes de contrôle mobiles mais, réservées aux poids lourds et autobus, elles n’assurent annuellement qu’un peu plus de 20.000 opérations. Pour contrôler ces contrôleurs, le gouvernement flamand ne dispose que de deux inspecteurs!

Les plaintes s’accumulant, Lydia Peeters, ministre flamande de la Mobilité, s’est attaquée à quelques problèmes immédiats, par exemple en supprimant l’amende pour présentation tardive d’un véhicule (plus de 400.000 par an). Dans la foulée, elle a mitonné un décret autorisant les réparations mineures par des garagistes agréés sans devoir repasser ensuite par un centre de contrôle. Ainsi disparaîtra le reproche, souvent formulé, de voir les revenus des stations de contrôle augmenter en fonction des cartes rouges qu’elles distribuent.

Benchmark en cours

La ministre veut toutefois aller plus loin. Un audit assez ravageur a en effet montré combien le système mis en place s’était fossilisé au fil des ans. Il ne contient par ailleurs aucun incitant en matière de modernisation ou d’automatisation.

Pour la ministre, le système a besoin non seulement d’oxygène mais également de nouveaux acteurs. D’où sa volonté d’ouvrir le marché. Les services après-vente des grandes marques pourraient sans aucun doute trouver dans cette ouverture une nouvelle source de revenus. Un benchmark est actuellement en cours et le modèle néerlandais dans lequel le contrôle est assuré par des garages reconnus a indéniablement ses supporters. Ce sont les APK garages (Algemene Periodieke Keuring signifiant “contrôle général périodique”). Le pays en compte près de 10.000. Ils sont tous systématiquement contrôlés et peuvent, en fonction des manquements ou des erreurs constatées, être suspendus pour une période plus ou moins longue.

Les services après-vente des grandes marques pourraient sans aucun doute trouver une nouvelle source de revenus dans cette ouverture.

Les automobilistes néerlandais peuvent par ailleurs déjà faire contrôler leurs véhicules dans notre pays, ainsi qu’en Espagne. Bien que cela ne figure pas dans l’accord gouvernemental, il existe au sein de la majorité un assez large consensus pour réformer le système avant 2024. Déjà, les premières suggestions fusent. Pour le CD&V, par exemple, un contrôle tous les deux ans, tant que le véhicule n’en compte pas 10, est largement suffisant. Parallèlement, ce parti réclame des prix fixes afin d’éviter toute concurrence entre garagistes, exactement le contraire de ce que souhaite la ministre en invitant de nouveaux acteurs à intervenir…

Guillaume Capron

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