Le gouvernement fédéral est toujours à la recherche de 10 milliards d’économies, mais la sauce ne prend pas entre les 5 partenaires de l’Arizona. Bart De Wever a proposé de s’atteler à l’effort sur 4 axes : l’indexation, la TVA, les soins de santé et les malades de longue durée. Mais il semblerait qu’un autre élément fasse partie de la liste : les pensions.
À bien des égards, nous revoilà plonger un an en arrière, lors de la formation de l’Arizona, quand le débat autour de la taxe des plus-values était au plus haut et que le MR avait claqué la porte. Bart De Wever présentait dans la foulée sa démission au roi pour la première fois.
En janvier dernier, l’Arizona avait déjà posé un effort de 23 milliards d’euros sur le métier. Désormais, il est au moins entendu d’en ajouter 10 de plus et d’aller donc au-delà du budget 2026 : il s’agit ici d’un exercice qui court sur toute la législature.
Vétos
Mais est-ce que la marche n’est pas trop grande ? On est tenté de répondre oui, au vu des vétos des uns et des autres. Prenez la hausse de la TVA de 6 à 9%, proposée par le locataire du 16 rue de la Loi. Elle est rejetée en bloc pas seulement par Vooruit mais aussi par le MR. Mais la N-VA pousse, tout en adaptant sa proposition. En effet, une hausse de la TVA ferait grimper l’inflation qui activerait à son tour l’indexation : une mauvaise direction, selon le patronat. Les nationalistes tentent donc de décorréler la TVA de l’indexation.
Mais toucher à l’index est tabou absolu pour Vooruit. Le MR, lui, ne veut pas non plus d’un saut d’index. Et toucher à l’indexation uniquement pour les allocations sociales est un “no go” pour Les Engagés. Une piste mène également à la non-indexation des hauts revenus, mais aucun feu vert de ce côté-là non plus.
Ensuite, il y a les malades de longue durée. Là encore, aucun début de compromis. Au contraire. Alors qu’il est déjà prévu d’économiser 1 milliard sur les soins de santé, le MR est venu avec une proposition agressive de 5 milliards d’euros. De quoi installer une très mauvaise ambiance entre les deux partenaires francophones de l’Arizona. Cette semaine, on apprenait par exemple que Les Engagés proposait de faire payer aux employeurs 6 mois de revenu garanti, plutôt que 1, alors que l’accord de gouvernement en prévoit plutôt 3. Une manière pour eux “de répondre aux provocations des libéraux“, mais ils n’y songeraient pas vraiment.
Par contre, il apparait que le parti du vice-premier ministre Maxime Prévot est assez isolé face à la volonté du MR de faire passer le contrôle des malades de longue durée des mutuelles à l’Inami. Les autres partis soutiendraient cette piste.
Enfin, Vooruit ne désespère pas d’introduire une forme de taxe sur les millionnaires. Les Engagés sont prêts à faire peser une partie de l’effort sur “les épaules les plus larges”, mais pour le moment, seule une hausse de la taxe sur les comptes-titres semble faire consensus, selon De Tijd.
Les pensions
On pensait que l’exerce d’économies reposait principalement sur quatre axes. Il y en aurait un cinquième, apprend HLN, et pas des moindres. Comme pour les quatre autres pistes, Bart De Wever a demandé aux partenaires de l’Arizona de venir avec leurs propositions sur les pensions.
Alors que la réforme n’est pas encore coulée dans le marbre, et qu’elle crispe une partie de la population, voilà que plusieurs pistes de durcissement sont sur la table. Parmi les suggestions :
- Faire intervenir le malus pension de 5% plus tôt. Pour le moment, ce malus s’appliquerait aux personnes ne pouvant justifier 35 ans de carrière à mi-temps pour les personnes nées après 1975.
- Réviser les avantages des fonctionnaires : par exemple, en baisse encore le coefficient de 1,025 à 1.
- Toucher au deuxième pilier : comme augmenter la cotisation patronale fixée aujourd’hui à 8,85% vers 15 ou même 25%.
Bien sûr, aucune de ces mesures n’est arrêtée pour le moment. Et chacune froisse forcément les sensibilités d’une ou plusieurs formations politiques. Là encore, certaines mesures sont utilisées de façon provocatrice pour faire monter les enchères et répondre aux autres propositions.
Tensions
Tout ceci veut dire qu’on est encore très loin d’un accord. Les 5 partenaires de l’Arizona se sont vu hier sans se mettre d’accord. Pour le moment, le conclave budgétaire ne peut pas commencer.
Certains tentent de minimiser les tensions, d’autres pas. Ainsi sur LN24 ce matin, Yvan Verougstraete faisait partie de la deuxième catégorie. “Les tensions sont très très fortes“, a-t-il reconnu.
Une nouvelle deadline est en tout cas fixée au 21 octobre. C’est à cette date que Bart De Wever prévoit de faire sa déclaration de politique générale. À la Chambre, hier, le Premier ministre y est allé de son coup de pression : « Si nous ne pouvons pas prendre de décisions difficiles, nous ne sommes pas à même de gouverner. »