Vente illégale de médicaments : une vaste fraude en ligne démantelée par les autorités belges

Entre mai 2024 et mars 2025, une action conjointe du SPF Économie et de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS), baptisée PharmaWatch, a permis de mettre au jour une fraude d’ampleur liée à la vente illégale de médicaments sur internet.

L’enquête a révélé des risques majeurs pour la santé publique ainsi qu’un préjudice financier estimé à environ 1,5 million d’euros.

L’enquête a porté sur 55 cibles, dont 46 sites web – 15 d’entre eux ayant été signalés par des citoyens. Près de la moitié de ces sites proposaient des médicaments considérés comme les plus dangereux (priorité 1), incluant notamment des somnifères, psychotropes, anabolisants, agents hormonaux, ou encore des substances utilisées dans le cadre de tentatives de suicide. Environ un quart des plateformes vendaient des médicaments de priorité 2, tels que des antibiotiques ou corticostéroïdes, et un autre quart proposaient des traitements nécessitant une prescription médicale, comme ceux contre la dysfonction érectile.

Des pertes financières et un réseau international

Le SPF Économie estime les pertes à environ 1,5 million d’euros, bien que seuls 7.713 euros aient été officiellement signalés via la plateforme ConsumerConnect, ce qui suggère une sous-déclaration importante.

L’enquête a également permis d’identifier neuf comptes bancaires belges liés à ces activités frauduleuses, dont seuls deux étaient détenus par des ressortissants belges. La majorité des exploitants résideraient en Europe, principalement aux Pays-Bas, mais aussi en Russie ou dans des territoires occupés par la Russie en Ukraine.

Pour limiter l’exposition des consommateurs à ces risques, 36 sites web ont été rendus inaccessibles. Parmi eux, 25 ont été fermés (23 à la demande de l’Inspection économique et 2 à la demande du parquet), et 11 autres redirigent désormais les visiteurs vers une page d’avertissement du SPF Économie via la plateforme Safeonweb.

Selon le SPF Économie, cette stratégie de redirection a permis de protéger près de 2 300 consommateurs depuis janvier 2025. L’institution souligne également les bons résultats de sa collaboration avec l’AFMPS et le Centre pour la Cybersécurité Belgique (CCB), et souhaite renforcer ces synergies avec d’autres autorités publiques.

Campagne de sensibilisation sur les risques d’achat en ligne

Parallèlement à cette action répressive, l’AFMPS a lancé une campagne de sensibilisation pour informer les consommateurs des dangers liés à l’achat de médicaments en ligne. Elle propose notamment des conseils pour reconnaître les sites fiables, via Instagram et des pages spécifiques sur des produits fréquemment contrefaits (produits amincissants, antidépresseurs, somnifères).

L’AFMPS rappelle qu’en Belgique, seuls les pharmaciens autorisés peuvent vendre des médicaments en ligne. Ces pharmacies sont reconnaissables grâce à un logo vert ou bleu, qui renvoie à une liste officielle sur le site de l’AFMPS. Les médicaments soumis à prescription ne peuvent pas être achetés en ligne, mais peuvent y être réservés avant un retrait en pharmacie.

L’administrateur général de l’AFMPS, Hugues Malonne, met en garde contre les dangers sanitaires et juridiques : « Ces produits ne sont pas contrôlés, peuvent contenir des substances nocives, ou être inefficaces. Commander de tels médicaments constitue aussi une infraction passible d’amende. »

Les autorités rappellent ainsi l’importance de privilégier les canaux officiels pour l’achat de médicaments et d’informer toute suspicion de fraude via les plateformes mises à disposition.

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